Sur le forum les débats autour de The Time sont nombreux. Groupe grotesque et objet de Prince d’un côté, pilier du Minneapolis Sound aux musiciens illustres, et véritable « funk band » pour d’autres.
Je fais partie de ceux pour qui la réunion de The Time est un  évènement. Depuis que Jam et Lewis sont devenus les producteurs à succès que l’on connait (générant plusieurs millions de dollars), jamais  je n’aurai pensé les voir sur scène. De plus le retour de Jesse Johnson était très attendu par les fans de l’artiste et du groupe.
Je n’avais vraiment pas prévu d’aller les voir, même si il est vrai que l’annonce d’un moment « solo » de Jesse Johnson au milieu du show m’excitait bien.
Le hasard de la vie, et les déboires rencontrés pendant ce mois de juillet ont fait qu’une « escapade » imprévue s’est profilée et que je suis parti pratiquement du jour au lendemain, réservant 2 places au premier rang pour le 29 et le 30 juillet.
Arrivé au Flamingo, la présence de The Time est gentiment annoncée. Sur l’affiche le côté « papys décongelés » est inquiétant, et tout devient vite « bling bling ringard » a Végas. Sur l’écran géant à l’extérieur de l’hôtel et dans les chambres, une vidéo passe tous les ¼ d’heures pour annoncer la reformation exclusive du groupe et sa présence au Flamingo.
Le concert est prévu a 19h30, je descends donc de ma chambre vers 19 h pour me rendre dans la salle du Flamingo.

Première surprise c’est beaucoup plus petit que ce que j’imaginais en regardant le plan. C’est en fait une salle de « stand up », donc nous sommes tous très proches de la scène. Les « premiers rangs » sont en fait des tables qui longent l’avancée de scène. Tant et si bien que nous sommes de profil  Et vraiment aux pieds des musiciens. On ne va pas chipoter, mais c’est presque trop proche … Le public est celui de Vegas, mais malgré tout pas ici par hasard. Moyenne d’age.. euh… plus de 40 🙂 Quelques enfants ci et là sont venus avec leurs parents, des « dames » visiblement émoustillées par Morris Day se sont mises sur leur 31, et tous les autres clichés de ce genre de réunions  sont représentés (quelques fans, et des filles un peu « fortes » qui dansent sexy des fois que l’un des musiciens les inviteraient sur scène). Bref vous voyez les vidéos de concerts d’artistes qui ont 30 ans de carrière ? Et bien le même public.
A 19h30 précises, l’intro du concert retentis, le rideau s’ouvre, la scène est minuscule, pas de fioritures. Ils sont tous là à l’exception de Morris Day,  Jimmy Jam en maitre de cérémonie présente les musiciens un à un tandis que leur nom s’inscrit sur un écran en fond de scène. Puis il annonce Morris Day, les gens poussent des hurlements, moi qui pensaient être dans un thé dansant, l’ambiance est plutôt bonne
WHAT TIME IS IT scande t il, et c’est parti pour Get It Up
Get It Up
Cool

La version de COOL est époustouflante, chorégraphie « Minneapolis Style », break et long jam 100 % Minneapolis Sound. Morris dit « vous avez connu James Brown dire ‘on the 4’, vous avez connu Prince dire ‘on the 1’ , nous on a plus fort. ‘band are you ready.. on the 2 1/2’ et il enchaine ensuite à demander différents break sur des demi temps. Pas simple à expliquer, mais ça groove gravement. Ensuite s’enchaine façon énorme medley énergique, (généralement un couplet puis un refrain) :

Wild & Loose
777-9311
The Stick
Blondie
My Drawers
Fishnet
Oak Tree
Jerk Out
Skillet

Inutile de vous dire que sur Blondie et surtout Skillet Jesse s’en donne à cœur joie.
Le groupe quitte la scène à l’exception de Terry Lewis (basse), Jellybean (batterie), Jerome Benton (chauffeur de salle), et Jesse Johnson.
La lumière est plutôt tamisée, et Jesse commence par un énorme solo. Puis il lance « ohh ohh ohh »  de « be your man » repris immédiatement par la foule. Il est étonnant de voir comme le public connait les morceaux de Jesse. Il m’expliquera plus tard que « Jesse Johnson’s revue a été disque d’or aux USA », ce qui a l’époque n’était pas négligeable, et que c’est suffisant pour rester dans la mémoire des quadra ici présents.  Soutenu par La basse/batterie, Jesse commence le premier couplet et le refrain de Be your man et enchaine sur Can you help me. Là encore les gens chantent. C’est grandiose, je n’en crois pas mes yeux, je vois Jesse chanter ses vieux titres c’est ENORME. Terry commence la ligne de basse de Free World, Jesse enchaine et ne chante que la phrase « It’s a Free World and it’s mine », puis il part dans un solo gigantesque sur l’instrumental de cette face B. Ca dure 15 minutes au total c’est TROP court, c’est magnifique.
Le lendemain, après notre petite discussion ou je l’ai supplié de faire « plus long », il fera un couplet + un refrain de Free World, allongeant  un peu plus le plaisir.

Retour du groupe sans Morris, et Jimmy Jam explique qu’ils sont contents d’être réunis, que depuis 18 ans ils en ont fait des choses, et il présente Monte Moir, en racontant qu’il a produit différentes choses, et qu’il a aussi composé des titres, comme celui-ci pour Alexander O’Neal.

Et Monte chante :
If You Were With Me Now (le pauvre Monte aura un souci de Piano et ne chantera pas ce titre le lendemain)

Jimmy Jam reprend la parole, appelle Terry Lewis, et explique que eux aussi n’ont pas chômé pendant toutes ces années. Ce à quoi il ajoute, « nous avons écrit quelques choses comme ça : »
Et Terry Lewis débute
What Have You Done For Me Lately
A la basse
Une espèce de fury moulée dans un pantalon cousu sur elle et avec un décolleté façon « Vegas » 🙂 déboule sur scène, et nous voici en plein medley Janet Jackson. Il n’y a pas à dire, ils ont bien compris ce que représentait cette « réunion »
Puis ils jouent
Black Cat

Avec Jesse sur le solo… C’est ma fête 🙂

A la fin du titre la voix de Morris Day retentit et interpelle Jimmy Jam : »Dis Jimmy Jam, tu ne crois pas que les gens présents ici veulent du neuf ? ». Morris est au milieu de la salle, devant l’avant scène, une poursuite sur lui,  entouré de 3 bombes en nuisettes, là encore tout droit sorties d’un showgirl du Strip.
Jimmy Jam dit « mais on n’a pas encore le concept de la chanson », et Morris répond, « attend j’ai récupéré 3 jolies minettes on l’a le concept »
Un nouveau titre débute.
See Through
Le morceau est sympa, reposant sur un riff de Jesse. Rien de nouveau à l’horizon mais rien de honteux non plus. De toutes façons les 3 ladies nous empêchent de nous concentrer sur le morceau. Misdirection on appelle ça en magie 😉

If The Kid Can’t Make You Come
Moment connu des fans de The Time, il s’agit juste de l’instru, Jerome fait monter pas mal de filles. Il a le talent de ne pas faire monter que des bombes, au contraire même. « Big Mama » welcome. Cela crée des situations amusantes quand il leur demande de danser sexy, mais bon enfant et jamais dans la moquerie. D’ailleurs la moitié des femmes montent d’elles mêmes 🙂
Une fois l’une d’elles choisie, Morris appelle Jesse qui part dans une ambiance blues, sans calculer l’heureuse élue qui se déhanche a ses côtés.
Puis à la fin Jérome les aligne et leur fait débuter une choré « plante verte » genre pied droit devant, puis pied gauche, très lentement, exactement comme dans :
Ice Cream Castles
Qui est livré dans une assez bonne version. Le second soir, déjà que j’étais aux anges, Jerome fait monter CHERELLE, une production Jam et Lewis d’assez bonne qualité. Que du bonheur je vous dit.

Gigolos Get Lonely Too (seulement le premier soir)
Jerome vient ensuite chauffer la salle nous  faisant chanter : Hup 2, 3, 4, what the hell are we fightin’ for? Walk.
Et tandis que la salle reprend la fameuse phrase, Jesse et Terry parte sur du James Brown.  Puis au feu vert de Morris, le titre commence vraiment :
The Walk
Et les inévitables concluent cette soirée :
The Bird(avec plein de monde du public sur scène)
Jungle Love

2 heures pile de concert. Hyper carré, ça joue gravement (dans le genre bien sur), c’est l’essence du son de Minneapolis qui est sous nos yeux, et toute ma « jeunesse » musicale. Je me rends compte que j’ai regardé à 80 % les musiciens et a peine Morris Day. Finalement c’est le moins légendaire de tous 🙂
On sort et on nous mène vers le « meet and greet ». En fait il s’agit d’un grand rideau noir où le groupe pose et où les gens passent les uns après les autres pour une photo qui sera vendue 30 minutes après. Je suis dégouté.
Lorsque j’arrive Jellybean me sourit et me tend sa main de géant, Jerome dit tout fort « mais c’est mon ami de Paris », ce qui détend l’atmosphère. Je dis en effet que je viens de Paris pour le concert, Terry Lewis me fait un grand sourire, me serre la main, et je saute sur Jesse à qui je tente de glisser 2 mots, mais Morris me fait signe que le photographe trépigne.
Sourire.
Photo.
Place au suivant.
Je m’éloigne un peu mais reste a regarder la fin de la séance. Quand celle-ci se termine Monte et Morris partent mais les autres papotent avec les différentes personnes qui sont restées. La je commence a paniquer, car quand même je suis a 5 mètres de Jam et Lewis, Jesse, Jerome, Jellybean et je veux parler avec tout le monde. Jerome vient de lui-même et me dit « comment vas-tu ? Ca fait longtemps qu’on ne s’est pas vu.. euh.. Depuis le family jam ! ». Bon la palme du meilleur « relation fan/artiste » revient à Jerome Benton. Depuis son passage au Hot Brass où nous étions sortis ensuite aux « bains » avec JMS,  Jellybean, et d’autres membres, il se souvient à chaque fois de nos rencontres. J’hallucine.
Je profite de la situation :
–    Jerome, comment peut on faire pour organiser un concert de The Time
–    Mon ami, c’est juste une question d ‘argent 🙂
–    Ca je m’en doute que c’est une question d’argent ..
–    Le mieux c’est d’essayer d’avoir plusieurs dates, car ce sera plus intéressant
–    Je sais bien. Même si c’est gros pour nous je connais quelques prods qui pourraient tenter l’histoire, mais je ne sais pas avec qui les mettre en relation ou qui contacter
–    Euh.. voyons voir.. Ben vois avec Terry
–    Terry ? (n’osant croire qu’il parle de Terry Lewis)
–    Ben oui Terry. Hey Terry vient ici, c’est mon pote Raphy, voit avec lui comment on peut aller en Europe
Euh.. Il y a une caméra cachée ? On se fout de moi ? Il est ou le Mr en costume de la 4e dimension ?
Terry arrive.
–    Hello 🙂 Ca va bien. Tu viens de Paris, wow c’est gentil..
–    Euh , merci beaucoup. Je me présente, on fait des petites soirées a Paris,  je connais quelques fans qui aimeraient bien vous voir que se passe t il au juste ?
–    Ben on ne sait pas trop, on a un nouvel album, on aimerait bien tourner
–    Avec cette formation ?
–    Mais il n’existe aucune autre formation. Il n’y a que pour celle-ci que je veux bien tourner.
–    Ok, qui puis je contacter ?
–    Ben tu n’as pas mon téléphone ?
–    Euh, non Mr Lewis, je n’ai pas de téléphone. J’appelle qui ? Le studio ? Votre assistante,
–    Non tu m’appelles moi
Et il me prend mon carnet des mains, et note son tel. Je vous jure je croyais que c’était une blague.  Je parle un peu avec lui de Stockley de Mint Condition, du souhait de les voir vraiment venir en Europe.. et je me retourne
–    Hey Jellybean ca va ?
–    Oui ca fait longtemps..
–    Bon Jellybean, il y a un mois on a fait un super concert avec Eric Leeds, la on aimerait bien faire venir The Truth avec lui et toi, tu en penses quoi ?
–    Oui ce serait génial mais depuis février je suis avec The Time, et on ne sait pas du tout ou on va. On a un nouveau disque (bis) et franchement après Vegas je ne sais pas, mais ce serait super..
On enchaine sur le Prince Family Reunion, et O’dell le guitariste de Mint Condition, etc…

J’en profite pour faire une parenthèse. Jellybean est guitariste. Il n’est batteur que pour The Time. Et franchement depuis les 90s il s’est surtout exprimé comme guitariste à MPLS. Quand c’est la partie de Jesse Johnson, il le fixe, et prend un pied monstrueux. On sent qu’il a envie de lâcher la batterie et de le rejoindre.. c’est bien dommage que Morris Day ne prenne pas la batterie a ce moment  et que les 2 jouent ensemble.. fin de parenthèse.
Arrive Jesse, je vous laisse lire le report sur ce thème, mais il me confirme qu’il doit poser les guitares sur le nouveau The Time, et qu’il y a bel et bien un album en préparation.
Pour finir je vais saluer Jimmy Jam, juste pour le remercier de toutes les pépites qui étaient dans mon « walkman » grâce à lui quand j’étais gamin quand  j’allais au lycée.

TOUS sont absolument adorables, abordables, patients avec les gens qui sont rester leur parler et qui ont ensuite voulu faire des photos. J’aurai pu passer des heures avec chacun d’entre eux.
Je persiste et signe. The Time est un VRAI groupe, avec des pointures, dans un genre spécifique certes, mais des pointures. Le son qu’ils ont est le leur. Et si la quasi-totalité des compos sont de Prince, le son exploité ensuite principalement par Jesse, Jam et Lewis est bien issu de ce groupe. Tous ceux qui ont aimé les jams Princiers des 80s auront forcement des émotions lors  de ce concert.

Je ne sais pas si une production sera prête à les faire venir. Mais sincèrement j’espère qu’ils viendront en Europe, et que nous irons, ensemble, faire la fête. Une NPG PARTY ? Je pense que je peux continuer de rêver, car vraisemblablement parfois les rêves se réalisent 😉