Denise Matthews, connue sous le nom de Vanity, icône des années 80, est décédée ce lundi 15 février 2016 à 57 ans.
Elle souffrait d’une insuffisance rénale depuis plus de 20 ans.
Denise Matthews
Née au Canada, d’un père afro-américain et d’une mère juive-polonaise, Denise Matthews a fait ses premiers pas dans le monde artistique en tant que mannequin. Elle remporte un concours de beauté (Miss Niagara Hospitality) en 1977 et tente le concours de Miss Canada l’année suivante. En 1981, elle signe avec la prestigieuse agence William Morris. Elle pose pour la pochette de l’album de Cameo « Alligator Woman ». Sa carrière tarde à décoller jusqu’à ce qu’on lui offre des entrées pour la cérémonie des American Music Awards qui doit se dérouler le 25 janvier 1982. Une des vedettes de la soirée est Rick James, qui joue ce soir là « Super Freak » et remporte l’award du meilleur album « R&B » de l’année pour « Street Songs« . La star aurait repéré Denise dans les coulisses et aurait eu des vues sur elle. Mais c’est une autre star montante, Prince, qui l’aborde. Il lui propose d’échanger leurs vestes pour rire puis commencent à discuter. C’est ainsi que Prince débute sa relation avec Denise Matthews et qu’il lui changera sa vie.
Vanity
Prince était en tournée pour son quatrième album (« Controversy« ). Le groupe The Time dont il a produit le premier album sous le nom de Jamie Starr assurait la première partie. L’idée d’un groupe féminin, calquée sur le modéle des Mary Jane Girls de Rick James, fait son chemin. Avant de rencontrer Denise, ce projet s’appelle encore « The Hookers » (« les prostituées ») avec son assistante Jamie Shoop en chanteuse principale, l’épouse de son technicien Brenda Bennett et sa petite amie Susan Moonsie en chanteuses/choristes. Quelques titres sont déjà enregistrés, mais Jamie Shoop ne se sent pas à l’aise avec le concept : chanter des paroles osées et se trémousser en lingerie fine. Elle n’a pas non plus d’ambition dans le show-business. Prince propose alors à Denise d’intégrer le groupe et de la rebaptiser ‘Vagina‘. Elle accepte la première proposition mais refuse ce nom de scène. Ils se mettent d’accord pour « Vanity« . Une romance s’installe et l’album est enregistré très rapidement (en un mois). Prince est omniprésent sur cet album en tant que compositeur, musicien et producteur. Il écrit 7 des 8 titres du disque mais sans l’afficher publiquement. Jesse Johnson et Terry Lewis de The Time co-écrivent un titre chacun, son guitariste Dez Dickerson est l’auteur de « He’s So Dull« . On peut entendre la voix de Prince (imitant celle de Morris Day, voix que l’on appellera « Jamie Starr voice ») dans le rôle d’une femme sur « I f A Girl Answers (Don’t Hang Up!) ». Le nom « The Hookers » est abandonné pour Vanity 6, en référence dit-on au nombre de seins.
Vanity 6
L’album sort à l’été 1982. Le succès n’est ni massif, ni immédiat. Il n’atteindra que la 45eme place du classement pop. Le succès sera par contre plus grand dans les charts de musiques noires (Black Chart), atteignant la 6eme place, grâce au tube « Nasty Girl« .
« Nasty Girl » est le premier single a être extrait de l’album (un mois après sa sortie). Il se hissera à la première place du classement des titres Dance/Club et à la 7eme du Black Chart. Le clip est à l’image de la pochette de l’album : on y voit le trio féminin en lingerie et chanter de facon sensuelle des paroles ‘coquines’.
Les 3 autres singles (« He’s So Dull », « Drive Me Wild » et « Bite The Beat ») n’auront pas autant de succès. L’album sera certifié disque d’or avec 500 000 exemplaires vendus et le single « Nasty Girl » devient culte.
Vanity participe également à l’album de The Time « What Time Is It » sur le titre « The Walk » (avec une apparition princière de Jamie Starr en prime) qui sort à la même période et à la chanson « Free » sur l’album de Prince « 1999 ».
Ils partent tous en tournée fin 82 pour le 1999 Tour, baptisée « Triple Threat Tour » : les Vanity 6 assurent la première partie. Elles sont accompagnées musicalement par The Time (cachés derrière un rideau). The Time donne également un set d’une trentaine de minutes, suivis par le show de Prince. La tournée est un grand succès. Au cours de celle-ci, l’idée d’un film commence à se développer dans la tête de Prince. Il avait déjà tourné un court métrage (« The Second Coming » resté dans les tiroirs). Il choisit de poser seul avec Vanity pour la photo qui fera la couverture d’un numéro de Rolling Stone en avril 83, ce qui n’est pas sans créer des tensions au sein de son propre groupe.
Dans le même temps, il commence à préparer le second album de Vanity 6 avec l’enregistrement de quelques titres: « Sex Shooter » et « Vibrator » notamment. « Vibrator » est bien connue des fans princiers puisqu’elle circulera sur des cassettes pirates. Prince samplera les gémissements de Vanity à deux reprises dans les années qui suivront : en introduction de « Seven » sur l’album de Madhouse (1987) et sur la séquence « Orgasm » qui clôt l’album « Come » en 1994.
Vanity bis
Avec le succès viennent d’autres tensions :
La couverture de Rolling Stone « officialise » la relation entre Prince et Vanity, mais celle-ci a du mal à accepter la polygamie assumée de Prince. Le fait qu’une autre de ses petites amies (Susan) soit dans le même groupe qu’elle, n’aide pas à faciliter la situation. Autre problème majeur au sein du groupe, Brenda Bennett est la seule à savoir vraiment « chanter », et Prince souhaite la mettre plus en avant, au détriment de Vanity. A cela s’ajoute la dépendance à la drogue dans laquelle Vanity sombre. Pendant la phase de préparation du film, Vanity quitte le projet, Prince et Minneapolis, pour s’embarquer dans une carrière solo. Elle sera remplacée par Apollonia, le groupe renommé « Apollonia 6« , le film s’appellera « Purple Rain » et aura le succès que l’on connait. Ironiquement, 3 ans après leur rencontre dans les coulisses de la cérémonie, la dernière apparition publique de Prince et Vanity se fera aux American Music Awards de 1985 où elle remettra un prix à Prince & The Revolution.
Vanity conserve son nom de scène et signe chez Motown. Elle sort son premier album « Wild Animal » en novembre 84, produit par Bill Wolfer. Il se classera à la 14eme place des charts R&B, aidé par le succès en club du single « Pretty Mess » et la vague « Purple Rain ». Morris Day participe à un titre « Mechanical Emotion » qui aura son petit succès également. En 1986, elle sort son deuxième album chez Motown « Skin On Skin » avec un impact équivalent à celui du précédent (18eme place des charts R&B et un single à succès « Under The Influence« ). Elle se lance ensuite dans la préparation de son troisième album avec d’anciens membres de The Time (Jesse Johnson, Jimmy Jam & Terry Lewis), mais ce projet ne verra jamais le jour. Parallèlement à sa carrière de chanteuse, Vanity joue des rôles au Cinema (The Last Dragon, Paiement Cash, Action Jackson….) et dans des séries TV (Miami Vice, Highlander). Elle pose également pour Playboy. Elle apparait également dans les bandes originales qui accompagnent ces films, notamment celle de « The Last Dragon » avec le titre « 7th Heaven » et « Action Jackson » avec le titre Faraway Eyes » composé par Jesse Johnson et Sue Ann Carwell.
Elle sort avec Billy Idol, puis avec le bassiste de Mötley Crüe Nikki Sixx. Elle est de plus en plus dépendante aux drogues dures, ce qui entrainera une insuffisance rénale grave et une première hospitalisation dans les années 90.
Denise Matthews bis
Pendant son hospitalisation en 1995, les médecins lui ont annoncés que ses jours étaient comptés (moins d’une semaine à vivre). Vanity a raconté que c’est pendant ces jours que Jesus lui ait apparu et qu’il l’a sauvée. En sortant de l’hôpital, elle laisse derrière elle son passé sulfureux, ses dépendances et son nom de scène pour redevenir Denise Matthews. Elle renouvelle sa foi dans le christianisme évangélique et y consacre sa vie. Elle continue de vivre avec sa maladie qui nécessite un lourd traitement (5 dialyses par jour). En 2010, elle publie son autobiographie « Blame It On Vanity« .
Bien qu’elle ait eu du mal à l’assumer par la suite, le charme de Denise/Vanity, son statut de première « protégée » de Prince, la qualité de l’album Vanity 6, « Nasty Girl », son aura et son influence sur de nombreuses artistes féminines qui ont suivi lui confèrent un statut particulier dans l’univers princier.
Son dernier statut facebook :
funny real funny, this is sleep, this is me, this is you! NOW GO TO SLEEP, SO U CAN GET UP FOR PRAYER!
Posté par Denise Matthews sur jeudi 11 février 2016
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