The Rainbow Children

C’est après 2 heures de sommeil, que nous arrivons a Paisley Park à 7h50 du matin. Le lieu est desert, et pourtant on entend raisonner une batterie… Seraient ils en train de répéter ?

Le but de cette matinée est d’écouter THE RAINBOW CHILDREN, et de peut être avoir la chance d’en discuter avec PRINCE. Les gens commencent à arriver vers 9 h, et à 10 heures la file est conséquente. 6 groupes d’une trentaine de personnes sont répartis dans Paisley Park, et tout le monde écoute l’album au même moment.
Une nana du staff sort vers 10 H 30 pour choisir arbitrairement des personnes dans la fin de la queue… A ce moment nous ignorons encore que c’est pour bavarder avec Prince… Mais comme nous allons le voir.. Nous sommes tous égaux 🙂
Les portes ouvrent enfin, et nous nous installons dans la « game room », sur les canapés et par terre, après qu’on nous ait remis un petit booklet avec les paroles de l’album. John Blackwell nous rejoint, s’installe par terre et lui aussi lit les paroles, comme si il découvrait l’oeuvre pour la première fois. Je suis obligé de mettre des réserves sur les commentaires que je vais donner. Peut être qu’à la sortie du disque, tout ce que je dis s’avèrera faux, ou peut être que tout le monde trouvera que j’en ai trop fait. Il ne faut pas oublier les conditions dans lesquelles nous avons entendu ce disque :
– 2 heures de sommeil
– condition d’écoute optimale au niveau du son
– concentration sur la musique et le texte
– découverte de l’album dans son intégralité sans interruption; ajoutez à cela le caractère évènementiel de la chose, ainsi que l’excitation et vous pouvez facilement imaginer que nos sens sont dans un état particulier.
De plus les notes que je rapporte ne sont pas une synthèse après écoute, mais des impressions au fur et à mesure que le disque avance, donc avec des contradictions qui arrivent très vite puisque les ambiances de ce disque changent très rapidement. Enfin sachez que j’ai trouvé TRC grandiose, que le retour au « concept album » avec une cohérence sonore est très agréable, et que si je peux me permettre de vous donner un conseil, essayez de vivre la même expérience à savoir vous poser devant vos enceintes ou avec un casque sur la tête et écouter le disque entier d’un seul coup. Essayez de ne pas télécharger des petits bouts ci et là, car aujourd’hui à part THE WORK et les extraits du NPG AHDIO 5, on ne connait rien d’autres. Donc profitons en.
Voici mes impressions/Descriptions « With the accurate understanding of god and his law they went about the work of building a new nation : THE RAINBOW CHILDREN » Voilà comment débute l’album, où une voix très grave (encore plus que celle de « the exodus has begun » ou encore le début du AHDIO 1) interviendra entre et pendant les morceau comme narrateur créant un lien tout au long des 70 minutes que dure TRC L’ambiance est très jazzy, et les premières paroles sont chantés à plusieurs, entre gospel et « comédie musicale », Prince se fait d’abord remarquer par un chorus de guitare, sa voix se détachant tardivement, au 4 e « couplet ». Remarquons qu’il fait une référence au titre « Sexuality » en reprenant la phrase : « Reproduction of the new breed leader Stand up and organize!« 
Le morceau suivant débute par une intro au clavier, encore dans une ambiance Jazzy notamment au moment ou la (contre?)basse entre en scène. Là encore Prince nous fait une démonstration de ses talents de guitariste. Nous sommes très loin des titres minimalistes diffusés sur NPGMC. La guitare s’intensifie, puis accalmie… Peut être est un instrumental, un segue, ou la suite de « rainbow children », même si le climat est différent et ce qui suit est encore différent, plus bluesy/gospel.
On retrouve les jeux de voix dont Prince a le secret (Adore etc…). Il semble que ce moment ne soit pas sans rappeler D’Angelo, tout en lui rappelant qui « est le patron ». A ce moment précis nous n’avons pas vraiment entendu de chanson calibrer avec couplet/refrain/couplet/refrain, et nous continuons notre progression dans cet univers musical sans repères.
Le titre suivant est encore « tranquille », basé sur des percussions, là encore le mot qui revient est « ambiance » comme Prince le faisait dans des chansons comme « other’s here with us » (je parle pas de mélodie mais de climat). Au moment de l’intrusion de la « grosse voix » il y a une sorte de « chaos » entre les mots et la guitare (encore une fois se sont des impressions)…
et nous arrivons a THE WORK, qui marque en même temps l’arrivé du premier titre « vraiment » funk et « dansant », mais aussi notre première pose dans toute cette découverte qui pour le moment enchante l’audience.
Nous quittons The Work pour arriver une fois de plus dans un morceau qui s’écoute plus qu’il ne se décrit. Il débute par une voix féminine (Milenia ?) , puis après le premier couplet le rythme s’accélère, Blackwell part dans un solo, nous sommes encore dans quelques chose qui pourrait appartenir à une comédie musicale, 3 mouvements différents dans ce titre qui se termine à la manière de « Still would stand on time » (je vous demande de mettre les plus grandes réserves sur les comparaison 🙂
S’ensuit un instrumental, toujours dans la tonalité du disque, c’est à dire pas directement « funk ». Mais où Prince laisse exprimer ses talents de guitariste et de bassiste.
Puis il commence à chanter « I wanna get lost in the mellow mellow », qui là encore est une leçon à tous les D’Angelo et autres qui cherchent à aller vers ce style dont il reste le maitre (pas objectif moi ?). C’est un superbe mid-tempo, peut être plus abordable que tout ce que nous venons d’entendre (basse / batterie / Flute). Le groupe d’auditeur est manifestement essoufflé à ce moment par la claque que nous sommes en train de prendre.
La VOIX revient, et un beat (Bass/batterie) arrive progressivement afin d’amorcer le morceau suivant, très Minneapolis Sound, parfait pour les soirées, du 100 % Prince, (riff de guitare, solo, rythme efficace) avec peut être la présence de Rosie Gaines. Dans l’esprit d’Erotic City, les têtes battent la mesure et à plus de 35 minutes d’écoute, le sourire est aux lèvres de tout le monde.
La VOIX intervient sur un mélange de « bouhaha » et de son divers. « Pluie » et synthé composent l’interlude qui suit dans une ambiance très « secret garden » du Lovesexy Tour, d’ailleurs il y est question de « Digital Garden ». Intrusion de Prince à la guitare à la manière de Question Of U
Le titre suivant débute a cappella et une fois de plus pourrait faire partie d’une comédie musicale. Je ne sais pas si il y a un changement radical sur ce morceau ou si nous sommes passés au suivant, peut-être est-ce un ensemble, car sur le livret les paroles se suivent. Toujours est il que le rythme se transforme en mid tempo assez intéressant (et indescriptible en fait), même si ce titre reste encore abordable, et démontre, si il était encore nécessaire de le faire, que Prince sait composer de très belle mélodie, simple, portée principalement par sa voix.
Arrive un titre plus « efficace » avec un rythme « assassin » sur lequel parle une « voix synthétique d’ordinateur ». La suite est parlée normalement (mais peut-être pas par Prince). Le texte dit « end of part 1 », puis on entend des citations avec une foule qui acclame et applaudit. Prince commence à chanter sur le même rythme, de manière très « funky ». D’ailleurs le titre groove énomément, sur la fin la « grosse voix » dit « nous avons trouvé cette cassette chez Akashic records. Voici Thomas Jefferson :  » Une citation, puis des extraits du « free at last speech » de Martin Luther King.
Basse/batterie ultra funk, si nous devons faire des comparaisons disons qu’il commence comme le mariage de Let’s Work et de I like Funky Music, mais se poursuit comme un très bon titre funk avec une basse très présente, et probablement les Steeles en invité. Prince rap comme il sait le faire, c’est assez difficile à décrire encore : même si son débit est parlé, il le fait groover. C’est aussi le premier moment ou remarque une section de cuivres. La grosse voix revient sur la fin, et nous voilà plongé dans un hommage à Santana. Mais ce n’est qu’un break, car le titre repart sur un Jam Funk, dans une ambiance « NPG », un peu comme les dernières minutes d' »Exodus » (la chanson), ou de la version longue de « Superheros ».
Le dernier titre commence par la guitare de Prince, c’est une ballade… Une belle chanson, pas nécessairement la plus inspirée. Prince chante parfaitement, sa voix est en avant, presque détachée. Les paroles sont sans équivoques : « in the name of the father in the name of the son we need 2 come 2gether come 2gether as one » L’ambiance est proche de la chanson « Gold ». Puis surprise, il se lance dans un solo de guitare avec la batterie qui frappe très fort (un peu comme le final de Rock And Roll is alive), très live… Accalmie, et il est assez difficile raconter ce qu’on entend car les ambiances changent et finalement ce titre résume assez bien l’album. Enfin le titre revient à ce qu’il était au début sur les 2 derniers couplets, avec un final ou tout le monde chante. Conclusion ce morceau est excellent.
Voilà, vous venez de lire des impressions, sur un disque qui j’espère verra le jour rapidement. En relisant je trouve ça assez étrange, mais je ne sais vraiment pas comment partager autrement que comme je viens de le faire l’experience de The Rainbow Children.

La suite des évènements est par contre bien moins enthousiasmante.

Ce disque a des paroles tres orientées sur la « religion », la « quête de vérité « etc. et la discussion organisée par le staff de Paisley Park fut un cauchemard. Alors que nous venons d’écouter ce qui est vraiment le retour de Prince (pour ceux qui pensaient qu’il y avait eu un départ), toute la discussion (et cela tous les jours, MEME EN SA PRESENCE) a tourné autour de conneries (il n’y a pas d’autres mots excusez- moi) sur dieu, le libre arbitre et le respect des autres. Attention je respecte ce genre de valeur, et les personnes qui croient en dieu. Mais là nous n’avons entendu que des lieux communs, de la part de fans qui jouent ce jeu stupide de vouloir faire bonne impression en prônant l’union, l’équité, la « cohabitation des races et des êtres », alors que leur attitude est contraire à tout ce qu’ils disent.. On n’a donc pu entendre des choses comme : »il n’y a pas de leader sur terre, seul dieu est le leader et nous sommes tous des « suiveurs », et nous devons écouter son message », ou encore « Prince n’est pas un leader mais un professeur, il a des choses à nous apprendre ».. . Moi qui pensait que prince était un musicien, un artiste, j’ai découvert que je me suis trompé.

Ce qui est vraiment horrible c’est que la discussion est lancée et surtout menée par les fans plus que par la nana de Paisley Park. Prince n’est pas un leader mais tout le monde vient de partout pour lui, croyez vous que ce soit pour apprendre la vérité sur la création du monde ? On nous prône l’égalité, mais ceux qui sont plus égaux que les autres ont le droit de parler avec lui, pendant que nous échangeons des banalités avec ses sbires. On est tous égaux, mais les moins bancales et les plus mignonnes ont le droit d’approcher le maître..

Je pensais que ce moment serait un peu du bourrage de crane de la part du staff de Prince, mais ils n’ont rien à faire puisque ce sont les fans eux mêmes qui parlent de ça… le pire étant que la musique devient un sujet tabou. D’ailleurs à la seule question intéressante du débat qui fut « combien de temps Prince a-t-il mis pour écrire ce disque, et quand a-t-il commencé » notre « animatrice » a répondu : « je ne sais pas ! »

On a le droit de parler de Rainbow Children mais surtout pas de musique. Et a la question « que pense Prince de la religion », nous avons eu un maginifique « peu importe ce qu’il pense, ce qui compte c’est ce qu’il dit ».. SUPER !!!

Encore une fois je ne remets pas en cause ce genre de valeur et ne souhaite heurter personne , mais replaçons les choses. Nous sommes dans un studio d’enregistrement et pas dans une église, et nous venons d’entendre un DISQUE DE CHANSONS, par la bible. Mon anglais n’est pas assez bon pour entrer dans un débat, mais j’etais assez remonté par ce que j’entendais, car les théories avancées par les gens etaient vraiment celles des prêtres à la télé, de la philosophie de pacotille sur l’entente entre des gens, qui se bousculent à des concerts, ne respectent pas ceux qui attendent pendant des heures passant devant tout le monde, qui vous regardent de haut si vous osez les approcher, et qui ne cessent de vous montrer qu’ici il y a bien une frontière entre les noirs et les blancs si par mégarde vous essayez d’intégrer le groupe. D’ailleurs ce matin on a bien entendu pendant que nous faisions la queue : »je suis surpris du public de Prince, on se croirait à un concert de Billy Joel ». Je répète, je ne parle QUE des personnes que j’ai vu tous les jours là bas et qui etaient dans notre groupe de 30 personnes, mais je suis assez dégoutés par cette hypocrisie …

Ce dialogue a cassé la magie dans laquelle l’album m’avait plongé, mais pendant quelques instants seulement, car lorsque j’y repense, je peux vous garantir que ce disque ne va pas rester sur votre étagère… J’accepte de mettre des réserves sur mes propos car encore une fois la situation etait particulière, surtout au niveau de la qualité d’écoute…Mais je pense quand même que je n’aurai pas été si enthousiaste si on nous avait fait découvrir RAVE UN2 par exemple…

Ensuite nous avons attendu que les privilégiés (nos égaux) sortent de la discussion avec Prince , et le concert de Syracuse fut projeté dans la petite salle « love 4 one another room » de Paisley Park, le reste étant fermé. Là encore pourquoi projeter des choses que les gens présents connaissent parfaitement alors qu’il serait si simple de prendre n’importe quelle autre cassette dans ce bâtiment.

Le soir nous avons crevé un pneu sur la route en allant à Paisley Park. Ce qui nous a immobilisé toute la soirée. Quand nous sommes arrivés à 1h du matin (heure à laquelle les concerts commençaient d’habitude) tout était fini. Nous avons donc raté Common et Alycia Keys. Elle a interprété sa reprise de « How come you don’t call me anymore » Pendant le concert de Common Prince est apparu 20 minutes, pour chanter et jouer de la guitare, Erykah Badu était aussi présente. Vous trouverez probablement d’autres résumés sur le net… Désolé, mais la mal chance était avec nous.