Le pass pour la 3e Celebration

C’est avec le décalage horaire encore dans la tête que nous arrivons, sous une pluie torrentielle, à Paisley Park. Il est 12h30 et les fans arrivent tranquillement. Le pass XENOPHOBIA nous est remis ainsi qu’un petit flyer en guise de programme.
On se hâte pour entrer dans le « bunker princier », où, dès la fouille, nous retrouvons des têtes connues dans le service de sécurité. Aussi souriant que l’année dernière ils semblent ravis de retrouver les mêmes personnes. A ce moment, la « love 4 one another room », renommée en « NPGMC room » est accessible, ainsi que le reste du studio, à l’exception de la grande salle principale qui servira au concert.
Aujourd’hui le premier « workshop » (j’expliquerai plus précisément ce qu’est un workshop dans les journées suivantes) nous permet de rencontrer, et cela en 2 sessions, Femi Jiya, le célèbre ingénieur du son de Prince depuis plus d’une décennie, accompagné de Joe Lepinski spécialiste de Pro-tools (logiciel de mixage).
Ils se tiennent derrière la console du studio B entouré par une cinquantaine de fans. Femi répond à toutes les questions que nous lui posons. C’est une des personnes les plus proches de Prince puisqu’il travaille au quotidien avec lui, les questions sont donc, au début, assez générales sur la manière de travailler, puis au fur et a mesure indirectement destinés à Prince. Il est assez difficile de traduire tout ce qui peut être dit pendant cette séance de plus de 2 heures. D’abord parce que mon anglais n’est pas assez bon pour prendre des notes en temps réel, et ensuite parce qu’il n’est pas évident lorsqu’on est à 20 cm de son interlocuteur, de tout noter comme à l’école. Mais je vais tenter de vous donner quelques points, les plus mémorables… Je vous invite aussi à lire la partie que Cyco Zora vous à concocter.

– Le plus spectaculaire est très certainement la manière dont Femi Jiya raconte comment Prince travaille. La plupart des titres que nous connaissons sont composés, interprétés, joués, mixés et enregistrés en une journée (voire en quelques heures). Prince arrive derrière la console son comme nous pouvons le voir en introduction de la video « Beautiful Strange ». C’est-à-dire le casque sur les oreilles, le micro devant la bouche, la guitare autour du coup, les claviers à côté de lui et la basse à porté de main. Chaque instrument et chaque voix sont presque toujours enregistrées en une prise. Au moment où Prince arrive Femi ne connaît rien de la chanson, ni le tempo, ni le style, ni la tonalité. Il découvre tout au moment où Prince commence.
Ensuite il laisse Femi travailler le mixage, et revient à plusieurs reprises écouter le résultat et donner ses impressions, son avis, et ses remarques.

– Femi n’est pas « fan » de Prince, il ne l’était pas, et ne l’est pas. Il l’admire professionnellement car pour lui c’est une expérience sans comparaison. Il a travaillé avec des gens aussi différents que Simply Red ou Stevie Wonder. Prince, même si travailler avec lui est souvent très dur, reste l’expérience la plus enrichissante pour lui en tant que producteur/ingénieur

– Ce que Femi doit le plus gérer, et souvent avec difficulté, c’est l’impatience de Prince. Il n’aime pas attendre, ne supporte pas que les choses ne soient pas prêtes, ou qu’il y ait des soucis techniques. La 2e chose qui surprend le plus Femi et qui le fatigue le plus, c’est la capacité qu’à Prince de ne pas dormir. Femi semble très sincère quand il dit ne pas savoir quand Prince dort. Comme anecdotes il raconte que parfois à 3 heures du matin après une séance de 15 heures, Prince lui dit qu’il peut se reposer. 1h30 après, Femi reçoit un coup de fil de Prince lui demandant de revenir au studio. Femi arrive éreinté, et trouve Prince, dans de nouveaux vêtements frais et dispo, prêt pour une nouvelle session. Le manque de sommeil est probablement ce dont Femi Jiya se plaint le plus.

– One Nite Alone aurait été enregistré en une prise unique. 36 micros auraient été placés. Prince serait arrivé, en aurait gardé 2 et aurait commencé l’enregistrement.

– Femi dit que Prince ne fait aucune démo (en tous cas depuis qu’il bosse ensemble, donc 88/89). Il lui arrive de faire des versions différentes mais pas de « démo » comme on l’entend, c’est à dire une bande sur laquelle la base d’un titre est posé avant d’être définitivement enregistré.

– Femi travaillait en Angleterre sur l’album de Loyd Cole and the Commotion quand des gens de l’entourage de Prince lui ont dit qu’il recherchait quelqu’un et qu’il souhaitait le rencontrer. Il a pris cela pour une blague et n’a pas répondu. Quelques mois plus tard la même chose se produisit mais Femi étant sur une production il ne souhaitait pas l’abandonner comme ça. Enfin, encore quelques mois après Mr Jiya se rend à Los Angeles, où Prince travaille. Il entend de nouveau qu’il recherche quelqu’un, la rencontre a alors lieu et Prince lui dit : »tu m’as jeté 2 fois »

– On a aussi parlé des NPG AHDIO et Femi a semblé agréablement surpris de voir que les fans les regrettaient. Il a expliqué qu’ils étaient enregistrés dans les conditions réelles d’un enregistrement d’émission de radio. Là encore ils avançaient sans savoir ou ils allaient.

Je pense que Cyco Zora pourra être plus précis, surtout que nous avons assisté à 2 sessions différentes. D’autres questions ont été posées, sur le travaille de Prince avec d’autres artistes, sur la sortie d’un album live, ou sur le fait que Prince ne faisait plus de hit. Un compatriote c’est senti obligé, par provocation où goût de la référence, de parler de Johnny Hallyday pour illustrer ce qu’est un faiseur de « tubes » ou chanson facile. No comment. A la fin de la session j’ai demandé à Femi d’où pouvait venir les pirates puisqu’il venait d’expliquer pendant 2 heures que les séances de travail étaient en comité très très réduit. Même si la question l’a un peu ennuyée, il m’a répondu qu’il ne savait pas, que ce n’était pas lui (on s’en doute) et que c’était un vrai cauchemar mais que ça semblait s’être considérablement calmé avec la nouvelle politique interne. Ce qui est vrai en matière d’inédits.
Voilà pour cette première « rencontre », on se retrouve pour le 1er concert de Prince.