Nous profitons de la courte interruption pour manger un peu, car dès 18 heures nous faisons la queue pour le 1er concert de la série. Nous ne sommes pas les premiers, loin de là. Nous retrouvons des visages connus, et tout le monde à le sourire. A 19h30 on entre enfin, la scène est disposé différemment de l’année dernière, des chaises sur une estrade sont réservées aux VIP, et la salle se remplit calmement. Une rangée de fans nous sépare de la scène. Le comportement des américains est assez étrange, puisqu’ils sont devant la scène mais souhaitent conservés le même confort que si ils étaient assis au théâtre. C’est à dire qu’ils se baladent, vont chercher a boire, reviennent, repartent… Mais à chaque fois il faut leur « garder la place » ce qui n’est pas évident dans une foule de fans survoltés. Ce soir nous attendons Maceo, et à 21 heures lorsqu’il arrive sur scène, les guerres de territoires se calment légèrement… Mêmes si la pression ne se relâchera jamais ni ce soir, ni les suivants.
Maceo ne déçoit pas, son set étant plus que rodé par une interminable tournée. Les standards sont au rendez vous mais après une heure, le public commence à montrer une certaine impatience, et la seconde heure fut un peu longue, pas tant de la faute de Maceo, que des centaines de fans impatients de voir enfin l’artiste pour qui nous sommes venus.
A 11 h Maceo quitte la scène et nous n’aurons que 45 minutes à attendre avant que les lumières ne s’éteignent de nouveau. Avant d’en venir au concert de Prince (pardon pour le suspens) je ferai 2 parenthèses.
La première est que j’ai refusé d’écouter les concerts du « One Nite Alone tour » qui circulaient. Donc certaines de mes surprises ne vont peut être pas vous surprendre du tout si vous connaissez déjà tous les boots sur le bout des doigts.
Ensuite chaque jour une caméra à l’intérieure d’une « grosse boite » genre « photomaton » était à la disposition des fans pour répondre à une question. La question du jour était : « qu’attendez vous de la Celebration ».
C’est donc avec les témoignages des fans diffusés sur un grand écran derrière la scène que débute la prestation de Prince à 11h45.
5 Minutes après l’intro de The Rainbow Children orchestré par Renato retentit, et le show commence enfin.
Ce premier concert devait être déplacé, et ne pas avoir lieu à Paisley Park, mais à l’Orpheum Theater une salle en centre ville. Pour des raisons diverses le concert a bien lieu a Paisley Park, et les personnes « non membres » qui ont acheté leur billet sont présentes. C’est peut être une des raison pour laquelle Prince débute cette Celebration avec le show standard. Mais ce n’est pas une critique puisque je le découvre ce soir, et sincèrement ce concert est grandiose.
La formation, vous la connaissez déjà : Renato Neto aux keyboards, Rhonda Smith à la basse, John Blackwell à la batterie, Maceo et Greg Boyer aux cuivres, et Prince qui jongle entre clavier et guitare.
Faut il répéter que les orientations sont très jazz, bien sur dans la tonalité, mais aussi dans la manière d’appréhender les morceaux, où d’anciens titres sont prétexte à de nouvelles orchestrations, ou de longues plages instrumentales. Prince semble extrêmement heureux d’être sur scène, et il le fait partager. Le fond de la scène se divise en 3 écrans, sur lesquels sont projetées diverses images suivant les morceaux interprétés.
Les titres ! Les titres ! Les titres ! Je vous entends trépigner. Les voici :

– The Rainbow Children
– Muse 2 the Pharao (avec une seconde partie plus « violente » que dans la version CD. Des « dollars » sont alors projetés sur les écrans. Sur la fin Prince demande au public s’il est préférable d’être un « meneur » ou un « suiveur ». Nous pourrons en débattre, mais la réponse qu’il attend est « un suiveur ». Deux des personnes qui répondent « juste » montent sur scène et s’installent de chaque côté de la scène sur des coussins. L’un d’eux est Tsunataka Echigo, un fan japonais qui fait le voyage chaque année. Quand Prince lui demande son nom, afin d’être bref il répond « Tuna » ce qui permet à Prince de faire une blague sur le thon, mais surtout à toute la salle de lui rendre hommage plus tard)
– Xenophobia (Prêt d’1/4 d’heures de folie. Je me demande comment sonnera ce titre dans sa version studio mais la version live est d’une efficacité incroyable. Chaque musicien peut s’exprimer, tandis que sur les écrans des images « urbaines » de ville, de route, de foule, en accéléré sont projetées)
– A Case of U
– Mellow
– 1+1+1 is 3 (Le premier titre vraiment funk de la soirée. Tout le monde danse, Prince demande à « Tuna » qui est toujours assis sur la scène de se lever danser et invite des gens du public à le rejoindre. Chaque personne qui est monté avait un style très personnel, rendant cette « danse contest » complètement surréaliste. Imaginez une montagne de plus de 150 Kg faire des bons sur le côté droit de la scène pendant qu’un « papy » est à 4 pattes en train de faire des « allés et venus » sur la gauche. Un moment unique. Tuna devient la « star » de la soirée, puisque poussé par Prince sur le devant de la scène, il se déhanche comme un fou pendant que la foule scande des « go Tuna, go tuna »)
– Love Rollercoaster(reprise de Ohio Player)
– The Ride (avec une assez longue intro, et la reprise d’un couplet de ALPHABET St.)
– Otherside Of The Pillow (non seulement une surprise, mais une excellente idée de la part de Prince d’aller chercher des titres vers ce répertoire)
– Strange Relationship (autre excellente surprise. Rhonda slap sur tout le morceau tout en finesse, Prince est au Piano, et le public aux anges. C’est aussi le 1er morceau de la partie consacré à la critique des radios. Prince fait défiler sur les écrans le noms des stations de radio qui refusent de le diffuser, avec leur numéro de téléphone. Il dit qu’il regrette de ne pas trouver une station ou il peut entendre à la suite Maceo, Funkadelic, Lui etc…Prince nous souhaite la bienvenue sur WNPG et sa « programmation » débute alors)
– Sing a Simple song (avec un passage de Larry Graham sur scène)
– La, La, La, Means I Love U
– Didn’t Cha Know (excellente idée que de faire reprendre cette chanson d’Ericka Badu par Rhonda Smith)
– When U Were Mine (qui marque la fin de la partie WNPG)
– Avalanche (l’intro est longue, pendant ce temps une déclaration de Lincoln défile sur les écrans. Ensuite pendant tout le morceau des textes sur l’esclavage sont projetés, en anglais et en français)
– Family Name
– Take Me With U (en entier ! nous étions habitués à la version écourtée depuis pas mal d’années, mais là c’est la version intégrale)
– Raspberry Beret (là aussi la version est entière mais chantée à 90 % par le public)
– The Everlasting Now
C’est alors le rappel, et Prince revient pour nous achever avec une version de Joy In repetition, grandiose pour terminer à 2h20 du matin. La chair de poule est sur tous les bras à la fin de la chanson reprise en choeur par toute la salle à qui Prince fait fredonner quelques notes, l’émotion est forte, le moment magique. Et Prince nous quitte, comme si il ne pouvait pas créer un moment plus fort pour ce soir. Très sincèrement cette version de Joy In repetition a été un moment incroyable qui me fait encore frémir maintenant lorsque je tape sur mon clavier. D’ailleurs il n’y a rien à ajouter après ces 2 heures 20 de bonheur.

A demain.