La Celebration se poursuit ce 19 avril à Paisley Park et Minneapolis. Au programme aujourd’hui :

  • la projection de deux concerts inédits (21 janvier 2016 à Paisley Park et 23 Mai 2015 à Montréal avec 3rdEyeGirl),
  • des panels de discussions sur les débuts de Prince (The Early Years ) et sur la danse.
  • Le point d’orgue de ce jour est le concert particulier au Target Center avec Prince projeté sur grand écran accompagné par des musiciens qui jouent en live.

Les intervenant pour la table ronde « Early Years » sont Matt « Dr »Fink, Bobby Z. et Gayle Chapman. Dez Dickerson était annoncé mais il n’était pas présent, il le sera pour d’autres groupes. Les interviewées pour le panel consacré à la danse sont Mayté et Maya Mcclean (une des Twinz), d’autres groupes auront Les Twinz sans Mayté.

Comme d’habitude, l’usage des téléphones est interdit dans Paisley Park et doivent être mis dans une pochette.

Concert du 21 janvier 2016 à Paisley Park

Dans le cœur des fans, les deux concerts donnés par Prince à Paisley Park le 21 janvier 2016 tiennent une place particulière et ont un caractère historique voire prémonitoire pour beaucoup. Ce sont les premiers shows qui ont lancé la tournée Piano & A Microphone. Ce soir là, Prince livre un concert seul au piano, ce qui est alors un fait unique dans toute sa carrière. Mais pas que. Le drame du 21 avril a donné rétrospectivement un cachet particulier à cette performance qui se tenait 3 mois plus tôt jour pour jour. Lors du premier des deux concerts, Prince se livre comme jamais en parlant de divers sujets intimes et de son père. Le choix des chansons, le fait que ce soit un piano-voix, le lieu et le contexte ont une influence sur la façon dont on appréhende ces concerts et la tournée qui a suivie. Les enregistrements clandestins de ces shows sont donc parfois difficiles émotionnellement à écouter pour beaucoup de fans, qui considèrent « piano and a microphone » comme une tournée d’adieu, un testament artistique ou le chant du cygne d’un Prince conscient que ses jours étaient comptés.

Ce point de vue se défend et peut être confirmé lorsque l’on regarde les images de ce concert et que l’on est conditionné. On y voit un homme amaigri, qu’on peut penser fatigué (c’est le deuxième concert de la soirée, le premier ayant duré 90 minutes), certains plans font apparaître une calvitie naissante. Ces éléments s’ajoutent à ce que l’on a pu écouter ou lire et être interprétés comme des ‘signes’ et nous conforter dans ce raisonnement.

Mais ces hypothèses ne résistent pas lorsque l’on REGARDE le show. La vidéo permet de prendre de la distance par rapport à ces théories et rappelle que Prince était tout simplement le meilleur performeur du monde. Le choix artistique pour ce spectacle (piano-voix) appelle logiquement un choix de chansons appropriées pour cet exercice; mais toute la force de Prince, c’est d’y injecter du groove et de jouer avec le public. A un moment, il regarde fixement la caméra et à cet instant, on peut se dire « ah oui, peut-être que… », mais deux secondes plus tard, il décroche un sourire ravageur et charmeur comme il l’a toujours fait et est tout simplement le Prince que l’on a toujours connu et aimé sur scène. Avec ces moments de joie, d’émotion, de groove et de mélancolie. Il reprend les mêmes mimiques que celles que l’on a vues et revues des centaines de fois en tant que fan lors du medley au piano sur la tournée Lovesexy et installe une réelle interaction avec le public.

La vidéo qui nous est montrée est la deuxième moitié du concert (How Come U Don’t Call Me Anymore / The Ladder / I Wanna Be Your Lover / Raspberry Beret / Starfish And Coffee / Venus De Milo / Sometimes It Snows In April / Dear Mr. Man / A Case Of U / Kiss / Black Sweat / Free Urself). Dans la salle, on danse, on chante, presque comme si  on y était. Prince est filmé avec 2 caméras fixes, et une troisième qui est en mouvement (qui fait des zooms, avouons-le improbables et hasardeux esthétiquement). A un moment du concert, après « Black Sweat », Kirk Johnson monte sur scène pour déposer les lyrics de « Free Urself » sur le piano. Prince demande alors au public d’applaudir chaleureusement Kirk (« Show your love for the brother right there, you can not know how much he has helped to put this together right here« ) avant d’entamer la chanson qui clôt le spectacle . Le seul sentiment difficile à supporter pendant la diffusion de cette vidéo, c’est d’entendre la voix de Prince dans une grande salle et de savoir que cela n’arrivera plus jamais dans le cadre d’un vrai concert live.

Panel « The Early Years » avec Matt « Dr »Fink, Bobby Z. et Gayle Chapman

Matt « Dr » Fink, Bobby Z. et Gayle Chapman étaient réunis pour évoquer la période 1978-1980, celle des débuts professionnels de Prince et ses premiers concerts (le concert au Capri Theater en 1979, le « Prince Tour » et le « Fire It Up Tour » en première partie de Rick James). Le panel était conduit par la journaliste locale Andrea Swensson. Seuls André Cymone et Dez Dickerson étaient absents pour cet échange fort intéressant. Tout a été évoqué, des auditions aux tournées, en passant par les répétitions dans la cave de Pépé Willie que Prince considérait comme un mentor à l’époque. Si Dr Fink, qui était le plus bavard, et Bobby Z. ont une très bonne mémoire de cette époque, on ne peut pas en dire autant de Gayle Chapman qui semblait perdue, ce qui a beaucoup amusé ses anciens collègues et le public. Il y avait assez peu de nouvelles choses à apprendre étant donné que Fink et Bobby Z. se sont déjà beaucoup exprimés dans des biographies et des interviews depuis des années. Mais ils étaient très blagueurs et rigolaient beaucoup comme dans une soirée entre vieux potes.

Ils ont raconté comment a été constitué le groupe : André Cymone, qui était dans le groupe d’office, a amené Gayle. Bobby Z. a du passer plusieurs auditions avant d’être retenu. Avec ce noyau, Prince a fait venir le même jour tous ceux qui avaient répondu à la petite annonce qu’il avait passée. Pendant quatre ou cinq heures, le groupe jamme et Prince, tout en continuant à jouer,  faisait auditionner les candidats en leur demandant de prendre la place de l’un ou de l’autre, jusqu’à trouver la bonne combinaison de musiciens. Matt Fink a été le dernier à être recruté dans le groupe qui jouera avec Prince pour son premier concert au Capri Theater en janvier 1979. Pour les répétitions avant ce concert, Prince aimait bien tester et titiller ses musiciens. Un jour, il demande à Fink :

  • « Tu connais bien ‘Soft & Wet’? »,
  • « Oui » répond Fink.
  •  » ‘Just As Long As We’re Together’ , ca va? Tu l’as travaillée? »,
  • « Oui, j’avoue que j’ai encore un peu de mal, mais ça va ».
  • « Et ‘So Blue’ ? Tu peux la jouer, n’est-ce pas? « 
  • Un peu embarrassé, Fink répond « mmmmh, celle-là, je ne sais pas trop »
  • « Ca tombe bien, il n’y a pas de claviers dessus! », répond Prince d’un air moqueur

Pour ce concert, Dez avait acheté une guitare électrique sans fil. Les musiciens et techniciens n’étaient pas encore habitués à cet instrument et avaient donc du mal à faire les réglages et trouver les bonnes fréquences pour que le son ne soit pas parasité et surtout éviter de capter les ondes FM et diffuser la radio. Résultat, Bobby Z. se souvient encore avoir entendu les informations régionales qui passaient dans les enceintes en plein milieu du concert. Ce n’était qu’un problème technique parmi d’autres lors de ce show, et personne n’en garde un bon souvenir. Tout le monde a été déçu à la fin, mais chacun sentait qu’il y avait quand même un potentiel.

Pour l’apparition TV à l’American Bandstand, Prince avait la grippe. La performance étant en playback, il devait faire plus d’effort pour être convaincant, ce qui l’a un peu fatigué avant la fameuse interview. Ca explique en partie son attitude face au présentateur Dick Clark. Mais il avait aussi donné la consigne à ses musiciens de ne pas sourire et de ne pas parler, pour cultiver une attitude de rebelles face au Michel Drucker américain. Pour la performance au Midnight Special, Fink & Z. gardent un souvenir plus drôle d’André Cymone qui avait décidé de porter un pantalon en plastique inconfortable dans lequel il suait comme un boeuf, et où, parait il, toute la transpiration restait stockée à l’intérieur.

Fink a rappelé le coté farceur de Prince en racontant l’histoire du jour où ils avaient tenté de dérober un mégaphone de sécurité dans un avion. Une passagère a donné l’alerte, ce qui a conduit à l’arrestation de Prince et Fink par la police qui prenait cela très au sérieux. Ils risquaient d’être inculpés avec des charges fédérales, ont été menottés et mis en cellule…jusqu’à ce qu’une policière, plutôt surprise, reconnaisse Prince et lui demande un autographe. C’est ce qui a permis à Prince & Fink d’être libérés et de prendre un avion de fortune pour rejoindre le reste du groupe et donner un concert en première partie de Rick James (au passage, la photo  qui circule sur le net de Prince tenant une pancarte soi-disant prise au commissariat est un montage).

A propos de la tournée faite avec Rick James, contrairement à ce que l’on pourrait croire, les musiciens de Prince en garde un très bon souvenir. Certes, ils n’avaient pas le même mode de vie que les musiciens de James qui étaient portés sur la boisson et les drogues, mais ils se sont bien entendus avec eux, même si ils n’arrêtent pas de les charrier. Prince par contre, gardait ses distances, et préférait rester à l’écart pour se concentrer sur le concert qu’il devait donner. Cette attitude a fait qu’il était mal vu par les musiciens de James. D’autres faits feront que les deux artistes ne s’entendront pas. Fink et Z. rigolent encore des tenues de scène extravagantes de Rick James, notamment un costume qui était censé cracher de la fumée. Fabriqué avec les moyens du bord, Rick devait marcher en crabe à cause du tube qui était incorporé dans le costume.

La journaliste leur demande ensuite de parler du concert donné au Sam’s Club (qui est devenu le First Avenue depuis). Ce show, qui n’est jamais sorti officiellement, est connu et apprécié par les fans depuis des années, même si la qualité du son laisse à désirer. Bobby Z. avoue franchement qu’il n’a aucun souvenir de ce concert, mais que le public présent (c’est à dire nous) en sait sûrement beaucoup plus. Pour lui, Fink et le reste du groupe, ce n’était qu’un concert de plus dans leur ville.

Ce ne sont que quelques anecdotes livrées au cours de ce panel, mais il y en a eu beaucoup d’autres, certaines difficiles à comprendre lorsque l’on n’a pas fait partie du groupe.

L’organisation fait que ce panel a eu lieu en même temps que celui consacré à la danse avec Mayté et une des deux Twinz. Nous pourrons y assister demain. Pour l’heure, nous allons assister à la projection exceptionnelle du second concert.

Concert du 23 Mai 2015 à Montréal avec 3rdEyeGirl

Le second concert proposé à Paisley Park aujourd’hui est celui donné Par Prince et 3rdEyeGirl au Centre Bell de Montréal. Le show est mieux filmé que celui de janvier 2016, plus professionnel. Le tout est bien construit et agréable à regarder. Nous avons droit à la première partie du concert (Wow / Funknroll / Guitar / Plectrumelectrum / Let’s Go Crazy / Take Me With U / Raspberry Beret / U Got The Look / Cool). Les 3rdEyeGil étaient complétées par la section de 4 cuivres menée par Marcus Anderson, Liv Warfield et 2 autres choristes.
Ne nous mentons pas, ce groupe (3rdEyeGirl) et cette tournée ne font pas partie des moments les plus glorieux de la carrière de Prince. Maintenant que la complainte est passée et que le manque s’est installé, ce concert est tout simplement du pain béni. Depuis 2 ans quel concert ai-je vu qui arrive a la cheville de « Prince et 3rdEyeGirl » ?

Target Center

Le point d’orgue de la journée, voire de la Celebration, est le concert hybride au Target Center (près de 20 000 places) mélangeant vidéo et musiciens qui jouent en live pour reconstituer un show de Prince. Ce concert au Target était initialement prévu pour le 21 avril. Mais il a été avancé au 20 à cause du match de basket Minnesota Timberwolves vs Houston Rockets. La salle accorde une priorité aux matchs du club de basket de Minneapolis.

Cette idée audacieuse ou farfelue de spectacle hybride a fait débat. Prince ayant abhorré l’idée des concerts faits avec des hologrammes, il n’y a pas beaucoup de solutions pour ceux qui veulent encore le voir en spectacle avec la puissance du son live. Reprendre des images de concerts, isoler sa voix et sa guitare et ne conserver au maximum que les plans où l’on ne voit QUE lui dans la mesure du possible et faire rejouer la musique en live par des anciens membres du NPG rebaptisés ‘Funk Soldiers‘ pour l’occasion (Kat Dyson, Kirk Johnson, Cassandra O’Neal, Shelby J., Kip Blackshire, Josh Dunham, Xavier Taplin, les NPG Hornz…) semble être le meilleur compromis possible entre « rien » et la simple projection d’une vidéo sur grand écran. Tout est critiquable évidemment :

  • le concept en lui-même,
  • Prince n’est pas toujours isolé dans les images, ce qui fait que l’on peut voir Shelby à la fois sur l’écran et sur scène,
  • sur certains plans, on voit clairement John Blackwell, ce qui est déstabilisant aussi,
  • la maxime « Real Music by Real Musicians » reprise plusieurs fois durant le concert est troublante dans ce contexte,
  • les musiciens sur scène jouent vraiment, mais savent que tout le public regarde l’écran. Shelby et Kip font un peu office de « MC »,
  • les vidéos sont 3 « blocs » (on y voit Prince avec 3 costumes différents) issus des concerts donnés dans le cadre de la tournée Welcome 2 America apparemment (2010-2011),
  • peu de surprises dans la set-list qui est constituée principalement de hits, pour un spectacle grand public (dont on a fait partie avant de devenir fans justement grâce à ces chansons pour la plupart),
  • ce sont les héritiers (sœur, demi-sœurs et frères de Prince), que beaucoup de fans détestent pour des raisons rationnelles ou irrationnelles, qui sont à l’initiative de ce spectacle. Un présentateur, qui fait aussi  partie des organisateurs des Celebrations, les fait monter sur scène avant le début du spectacle et demande au public de les applaudir .

Mais encore une fois, la puissance du son fait la différence. Ça fonctionne et le public accueille cela de la meilleure façon qu’il soit en chantant, dansant et participant comme si c’était un vrai concert. L’interaction existe. Et là encore, même si la vidéo permet de prendre de la distance, l’émotion d’entendre la voix et les soli de guitare de Prince peut nous submerger dans ces conditions. Quitte à écouter Prince jouer et chanter fort dans une salle, cette solution reste le meilleur compromis possible aujourd’hui est fait l’effet d’une madeleine de Proust.

Le concert a débuté à 20h15 par la voix de Prince extraites d’interviews avant que la musique ne commence. Les titres joués sont les suivants :

D.M.SR. / Pop Life / Musicology (avec Prince And The Band) / Extraodinary / Let’s Go Crazy / Delirious (puis retour sur Let’s Go Crazy) / 1999/ Little Red Corvette. 

Sampler Set: When Doves Cry / Nasty Girl / Darling Nikki / Sign O The Times / 777-9311 / The Most Beautiful Girl In The World.

Uptown / Raspberry Beret / Cream / Cool / Let’s Work / U Got The Look / If I Was Your Girlfriend / Insatiable / Scandalous / Adore / Nothing Compares 2 U / Take Me With U / Anotherloverholenyohead / Controversy.

Piano Medley: The Beautiful Ones / Diamonds And Pearls / Something In The Water / How Come U Don’t Call Me Anymore.

Dance Disco Heat / Baby I’m A Star / Kiss / Purple Rain.

Le spectacle s’est terminé à 22h30.

Liv Warfield au Dakota Jazz Club

Après cette expérience étrange et inédite vécue au Target Center, direction le Dakota Jazz Club & Restaurant pour assister au concert de Liv Warfield. Elle y donne deux shows à (19h30 et à 23h) en marge de la Celebration. Donna Grantis est venue jouer sur quelques titres. Queen Cora (A.k.a. Cora Dunham) a remplacé le batteur sur « Black Bird ».

Marcus Anderson et Adrian Crutchfield sont passés sur scène en « guest » pour taquiner la chanteuse, ou mettre l’ambiance, mais jamais équipés de leur cuivre. Dans la salle Mayté a fait l’impasse sur le concert au Target, et se trouve au bar avec des amis. Liv était accompagnée de quelques nouveaux musiciens, mais son fidèle compagnon, le guitariste Ryan Waters, est bien là. Le concert était dans la même vibe que ceux donnés à Paris au Duc des Lombards en 2015, et était très agréable à vivre et écouter. Les titres joués : « The Unexpected/Wow », « Crash », « Don’t Say Much »,  « Soul Lifted », « Embrace me », « More Things Change » (inédit), « BlackBird »,  « I Decided » et « Why Do You Lie ».

Puis le concert s’est terminé sur un Jam autour de D.M.S.R. chanté par Marcus Anderson

Ce show intime dans cette très petite salle était juste qu’il fallait pour conclure cette journée riche en émotions. Je vous invite a découvrir quelques vidéos en suivant ce lien.

Raphy.

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