Réédition exclusive du Poisson d'Avril 2003 de Peter Cato !

[FredOziq]

Aaaah, les poissons d'avril... Celui-là m'avait valu des nouveaux amis (ils se reconnaîtront!) et des même des menaces ! (Allez, y'a prescription... Du coup, voici une réédition exclusive !)

"Comme promis, et en exclusivité pour Remix Tangentiel, voici le compte-rendu exceptionnel de notre vieil ami de Saint-Paul, Peter Cato, qui – le veinard ! – a assisté il y a quelques jours à un concert très, très privé de Prince et son NPG en son antre de Paisley Park…
« Un grand merci, tout d’abord, à mon “hôte” Frédéric Goaty, qui m’invite une fois de plus, un an et demi après mon compte-rendu nostalgique de la seule visite de Miles Davis à Paisley Park, le jour de l’an 1988 [ndlr – Jazz Magazine n°519, octobre 2001], à exprimer mon admiration pour l’infatigable Prince. Je dois avouer que même si j’ai eu la chance d’assister depuis plus de vingt ans à de nombreux concerts de Prince aux quatre coins des Etats-Unis et en Europe, celui auquel j’ai pu assister le samedi 8 mars dernier – grâce à l’amicale complicité d’une collaboratrice du “Boss” local (un immense special thanks to her…) – m’a époustouflé comme rarement ! Si les prochains concerts de Prince ressemblent à cette fantastique performance (répétition pour une future tournée pour la promotion d’un futur disque ? nul ne le sait encore…), l’an 2003 sera encore plus excitant que 2002 !
Faite plutôt rare : le concert a commencé à 23 h, ce qui est étonnamment tôt pour un couche-tard comme Prince… Il y a à peine 200 personnes dans la grande salle, celle-là même où, l’an dernier, il a donné lors de sa troisième Celebration un inoubliable concert acoustique. Je reconnais quelques amis, et notamment Sara Remke, co-propriétaire du café Black Dog, qui ne cesse d’organiser des formidables “anti-war parties” où chacun vient exprimer son dégout face aux horribles actions de notre président non-élu ; Ricky Peterson (toujours aussi vif!) ; Scottie Pakulski (qui disparaîtra vite pour s’en aller derrière la console s’occuper du son) ; le propriétaire du Bunker (que je salue mais dont je ne me souviens plus le nom !), LE club de Minneapolis (où Michael Bland et Sonny Thompson se produisent chaque lundi) et James Diers (chanteur du groupe Love-Cars et manager du formidable trio jazz Happy Apple, nos “jazz stars” locales)… Durant tout le concert – qui ressemblait plus, il est vrai, à une répétition “live” très, très au point… –, Prince n’a quasiment pas parlé, ne lâchant çà et là que quelques timides “thank you”, “D’ya like this one ?”, “You had forgotten that song, uh uh ?”, etc.
Le NPG version 2002 – Renato Neto aux claviers, Ronda Smith à la basse et John Blackwell à la batterie – est désormais augmenté des Hornheads (quelle joie de retrouver ces virtuoses toujours aussi jazzy-funky !), d’Esther Godinez (percussionniste installé à Minneapolis, amie d’enfance de Sheila E. et “ex” du groupe de George Benson), d’Eric Leeds et d’Atlanta Bliss (welcome back !) et d’une nouvelle guitariste rythmique, Ella King, dont on dit qu’elle vient de Los Angeles où elle a travaillé plusieurs années durant en tant que session woman pour la télévision et le cinéma.
A l’exception de quelques extraits des récents “The Rainbow Children” (Mellow, Family Name, The Work) et “One Nite Alone” (Have A Heart, Avalanche), le show n’était constitué que de nouveaux morceaux – sans doute ceux de son futur album dont on il se murmure déjà qu’il ne s’intitulerait plus “2000 Free : The Revelation Year” mais (j’ai du mal à le croire, mais pourquoi pas…) “The Purple House” –, de “nouvelles” reprises et de vieux standards réarrangés.
Premier constat : le son d’ensemble est proche de celui de la tournée “One Nite Alone”, mais le funk et le blues sont encore plus présents. La preuve : Prince et son presque-big band ont ouvert les festivités avec une version incroyablement métamorphosée de Kiss, qui ressemble désormais à un blues lancinant couronné d’une section de cuivre scintillante. (On a l’impression que Prince est reparti de la démo originale de ce morceau, qu’il a complètement oublié la version de “Parade” pour réinventer quelque chose de nouveau, d’incroyablement moderne et traditionnel à la fois.) A l’inverse, Shy est étonnamment accéléré, et John Blackwell effectue un travail saisissant de swing et de groove mêlés. Mais ce n’est pas tout : Dark, I Wish U Heaven, Walk Don’t Walk, Willing & Able, Come (dont les paroles ont évidemment été “radoucies”…), When U Love Somebody, I Feel For You, Little Red Corvette, Moonbeam Levels (oui !) et Paisley Park bénéficient aussi d’un formidable travail de réécriture, à l’instar des trois étonnantes reprises qui ont pimenté le concert – Love Is The Answer de Todd Rundgren (très proche de la version originale de 1977 enregistré par le groupe de Todd, Utopia, in “Oops ! Wrong Planet”), Jesus de Curtis Mayfield (“There’s No Place Like America Today”, 1975) et Too High de Stevie Wonder (“Innervisions”, 1973), dont on jurerait qu’elle avait été écrite pour Prince…
Enfin, nous avons eu la chance de découvrir six nouveaux morceaux – The War Script, Love Stories, I Ain’t No Fool, Incantation, The Silent Majority et Wow.
The War Script est l’une des chansons les plus “concernées” jamais jamais composées par Prince : sur un fond très rock, voire presque hard-rock (guitares distordues, Blackwell “johnbonhamesque”, orgue en ébullition), il scande sa colère et ses peurs – à peu à la manière d’un Saul Williams – face au bellicisme actuel du gouvernement Bush. S’il l’entend un jour (rien n’est moins sûr…), George ne va pas aimer. En revanche, vous, vous allez adorer !
Love Stories est une étrange chanson d’amour triste teintée de chromatismes électroniques, répétitive, dansante, qui sonne finalement comme une formidable outtake de “1999” et, surtout, un tube en puissance – si seulement cette chanson pouvait paraître rapidement et bénéficier ne serait-ce que qu’un peu de promotion radio…
I Ain’t No Fool n’est pas très éloignée de Love Stories, quoique plus chaleureuse, plus r’n’b. Là encore, Prince, sur un mode plus ironique, nous dit sa colère (ou plutôt son dépit) concernant la politique intérieure appliquée dans son pays. Prince, nouveau chanteur engagé ?
Incantation est une éblouissante suite instrumentale en trois parties – la dernière est franchement décapante – qui donne l’occasion à tous les souffleurs de donner le meilleur d’eux-mêmes. Les fans de Weather Report et du Miles des années 72-75 ne devraient pas rester indifférents… Et Prince lâche un solo de guitare ramassé et explosif. (Peu d’avenir radio pour ce morceau en revanche…)
The Silent Majority est une ballade sombre dont le texte, une fois de plus très engagé, raille la paranoïa américaine, qu’elle soit blanche ou noire. Encore un titre qui, s’il finit par être publié, ne devrait laisser personne indifférent. (A vrai dire, cette chanson m’a fait penser à la scène des “fuck you’s” dans le dernier film Spike Lee…)
Wow, enfin, est une pop song gospel à la Forever In My Life avec laquelle Prince a conclu la soirée, à 1h15 précises. Impossible, à l’heure actuelle, de dire si les prochains concerts de l’Artiste ressembleront à celui-ci, si le set list sera identique, et même si les musiciens du NPG seront ceux qui étaient là ce soir-là… Tout ce qu’on a réussi à apprendre (toujours grâce à notre amie…), c’est que le site du Music Club était actuellement “under reconstruction” (l’“experience.03” sera, nous a-t-on promis, exceptionnelle), que le nouvel album (évoqué plus haut) était donc déjà terminé et qu’il devrait paraître au mois de juin, quand Prince fera semblant de ne pas fêter ses 25 ans de carrière et ses 45 ans tout court tout en les fêtant… »

[chane]

Merci pour cette réédition fort savoureuse. Je ne connaissais pas.
Ce gros poisson a du faire l'effet d'une bombe en son temps.
Ça me laisse rêveuse ce concert idéal.

[chantamecaline]

Eh ben l'arête à dû rester en travers, mais faut reconnaître que c'était excellent

[calhounsquare]

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