Impossible pour moi que cette femme que j'admire tant ne figure pas dans cette rubrique...
Femme de tête et artiste d'exception, entière et sans concession, avec un talent inouï. Me'Shell mérite amplement qu'on s'intéresse à elle... Je commence avec son dernier album... On verra pour la suite...
Mais sachez que tous ses albums sont dignes d'intérêt !!!
Me’Shell Ndegecello – Comfort Woman (Maverick Records 2003)
Me’Shell nous a habitués depuis 10 ans (Plantation Lulabbies-93) au travers de ses albums (Peace Beyond Passion-96, Bitter-99, Cookie : The Anthropological Mixtape-2002) à nous surprendre constamment et « Comfort Woman », son 5ème opus, n’échappe pas à cette règle.
Cet album risque de beaucoup faire parler de lui car
à mon avis soit on adore, soit on le rejettera en bloc prétextant que le flow est toujours un peu le même. Alors en effet, c’est un
véritable exercice de style, constitué d’une ligne directrice unique et dont les 10 titres s’enchaînent tels des chapitres liés entre eux. Ca ressemble fort à un recueil de poésie qui tournerait autour du même thème : Une ode à l’amour !!! Un voyage, une odyssée dans la galaxie des sentiments !!! Mais la force de cet album réside surtout dans cette
sensibilité à fleur de peau (un peu comme chez les auteurs romantiques…) qui transpire tout du long… Une ambiance intimiste, des chansons dépouillées, construites quasi-exclusivement autour des 4 même instruments : Batterie, Basse, Guitare et Claviers.
«
Love Song #1» monte en puissance sur un flow dub/reggae avec une guitare wah wah… C’est
carrément magique. Une entrée en matière planante et sensuelle (voir même érotique) « Let me feel your body » Tout un programme :aime: .
Sur nappes de claviers hypnotiques et voix masculine passée au vocoder, «
Come Smoke my Herb» est un titre calme et tout en sobriété jusqu’à ce qu’une soudaine rupture de son s’opère, le titre s’achevant dans une sorte d’apocalypse féerique. Il s’agit en fait d’une description poétique des horreurs du monde : « Peace and Love » quoi…
Il y a un côté Electro plus marqué sur «
Andromeda & the Milky Way» : toujours ces claviers typiques mais un beat de batterie plus agressif… Y’a un petit côté folk dans ce titre, d’ailleurs ce n’est pas pour rien qu’il se termine par une guitare sèche et des sons « ethniques ». Pas moins de 3 guitares et 2 batteries (dont 1 électronique). A noter qu’elle continue son explorations des métaphores terrestres ou spatiales : Après l’océan, les fleurs et le ciel, on parle ici de liberté, rivière et étoiles…
On entends un enfant en introduction de «
Love Song #2» : Au moins elle s’est pas embêtée à chercher des titres cette fois ci ;o)) C’est proche du 1er morceau mais je n’y vois aucunement une suite… Je dirais que Me’Shell confirme son souhait de retour aux sources (déjà amorcé dans l’album précédent Cookie: The Anthropological Mixtape). La basse est lourde, ciselée. La batterie joue le métronome. Puis la guitare se fait stridente, psychédélique et plus rock.
Question retour à la mère Nature, ce sont les papillons qui ont la vedette.
Percus introductives pour un titre un peu trop linéaire… «Body» n’est pas le meilleur ici. Sans rentrer dans les détails scabreux et juste avec cette manière bien à elle de chanter, on sent toutefois bien le désir poindre…
«
Liliquoi Moon» est un
titre très calme et très beau (emmené par une guitare acoustique) qui soudain part dans un délire rock-psychédélique… On se demande bien pourquoi ? ;o) (on dirait même qu’on est passé à un autre titre…) A moins que ce ne soit une façon d’exorciser des démons intérieurs… Très triste cette histoire d’antécédents familiaux qu’elle évoque (effleure) avec pudeur…
Dans «
Love Song #3» et notamment à cause de ce son de guitare électrique, on se surprend à penser au style exploré par Prince dans NEWS (
et oui, elle est la Prince au féminin :lol: , le chant, cette voix grave et sensuelle de Me’Shell "en plus".
C’est à la fois épuré et très riche… Doux et fort…C’est beau. Elle y explique comment atteindre le nirvana : on sait tous comment çà marche alors faites marcher votre imagination.
Pour illustrer son propos, elle y utilise une symbolique paradisiaque : le jardin, la lune, les anges…
Vraiment ces Love Song sont de petits bijoux.
«
Fellowship» : De nouveau des relents de dub/reggae et des variations de claviers… On change de registre pour parler des brimades entre les peuples et les souffrances infligées aux innocents… Egale à elle même et à sa conscience exacerbée, elle propose des pistes de réflexion (« forgiveness & love… »).
L’un des meilleurs titres de l’album dans un style qu’elle maîtrise décidément vraiment bien.
Dans une veine un peu plus World music, percus et bruitages divers, on a le droit ensuite à « Good Intentions ».
Plus down tempo, «
Thankful» énumère les aspirations et doutes de Me’Shell dans la vie : la simplicité plutôt que le surfait. Elle se contente quasiment que de déclamer les mots et çà le fait… Très profond et touchant comme chanson.
Un album ambitieux et expérimental, court (39 minutes) et condensé mais qui parle à votre âme :bravo:
Seul petit reproche, il est peut-être un peu trop linéaire et sur le même ton mais incontestablement cet univers est à explorer…et vous imprègne un peu plus à chaque nouvelle écoute.
Funkygirl
Nota : Ce Cd bénéficie de toutes les technologies modernes et a le mérite de lutter intelligemment contre le piratage en proposant (une fois le Cd original en poche) de se rendre sur un lien (avec authentification du Cd et tout et tout…) pour aller récupérer 3 inédits Live et voir 5 superbes photos de ce show au House of Live de Los Angeles donc sont extraits ces Mp3, enregistrés le 10 Octobre 2003.
Egalement disponibles via le Cd d’origine : les lyrics et autres goodies comme un Wallpaper reprenant la magnifique pochette de l’album…
A aller visiter également :
http://www.maverickrc.com/meshell/making.html
Une petite interview :
http://www.lasvegasweekly.com/2002/10_2 ... oise1.html
Important : Elle sera en concert au New Morning les 09 et 10 Juillet prochain avec THE SPIRIT MUSIC SEXTET (J'y serais...) :coucou: