Vu le peu de réactions, quoique sympathiques, suscitées par le sujet, j’en déduis que peu de sckopiteux sont portés sur « la chose Springsteen ». Mais de là à me considérer en conséquence comme
Le spécialiste du sujet sur le forum, on en est loin, très très loin même. C’est juste que le mec me fascine, son attitude, son énergie, sa légende, ce qu’il dit dans sa musique et par ailleurs, notamment en ce qui concerne la politique dans son pays, me fascine. Bruce Springsteen rend le monde meilleur et plus supportable, rien que ça! Ma connaissance de Springsteen est des plus légère comparée à celle de Prince bien sûr, et, à un degré moindre, de Bowie, Placebo(même pas honte :lol: ), ou du groupe préféré de Raphy, Radiohead. Ma discographie se limite à deux albums « The Rising »(2002) et « Magic »(2007) et une compil 1 CD !! C’est tout ! Je me retrouve à un concert de Bruce Springsteen exactement dans la même position que le type qui aime bien Prince mais n’a chez lui que « The Rainbow Children », « Planet Earth » et une compil, et qui espère bien entendre Purple Rain, Kiss, Raspberry Beret, etc. Si je vous dis ça, c’est que ça a eu son importance lors de ce concert.
En 2002 BS défendait « The Rising », que je connaissais par cœur, et entre les titres de cet album et les tubes « obligatoires », j’étais assuré d’écouter une bonne quinzaine de titres que je connaissais et aimais. Cette année, la donne était bien différente. BS allait privilégier les titres de « Magic » qui n’est vraiment pas transcendant et les titres plus anciens, tout en limitant au strict minimum les titres issus de « The Rising », en toute logique. Et c’est exactement ce qui s’est passé.
J’étais assez loin, et on ne peut pas dire que l’ambiance autour de moi était du feu de Dieu. Les gens étaient là pour Bruce, pour la zik, mais pas surexcités pour autant. Quand à moi, ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas du genre à hurler toutes les cinq minutes comme un malade. Les concerts en plein air en juin c’est sympa, mais débuter en plein jour un concert de rock de cette envergure reste problématique. Aucun jeu de lumière n'étant visible, oubliez la notion de mise en scène, de dramaturgie, à laquelle de toute façon, BS ne souscrit pas. Il monte sur scène avec le groupe, un salut au public, et c’est parti.
Les 3 premiers titres s’enchaînent sans faire vraiment monter la sauce. Les deux suivants « The Promised Land » et « Spirit In The Night » (excellent celui là !) apportent enfin ce qu’on est venu trouver. Bruce se ballade de droite à gauche de la scène, sur la partie avancée qui couvre toute la largeur de celle-ci, va voir le public de très près, serre les pognes, les sourires sont partout. A le voir comme ça, je le trouve encore
plus fort que Bono dans cet exercice. Bono est plus narcissique, se regarde prendre la pause, BS y va avec plus de simplicité,
sans théâtralité. C’est ça qui est fort chez lui, c’est une Super Star, il se produit devant 50000 personnes, mais, comment dire, sans manière, genre « on est là pour passer un bon moment avec vous en abolissant la limite entre la scène et les spectateurs ». C’est le côté « pote » de Springsteen, ce que j’apprécie sans doute le plus dans son jeu de scène. Sur la gauche de la scène (à droite pour le public) une blondinette de dix ans au plus est juchée sur les épaules d’un adulte et observe le spectacle avec une mine émerveillée. Bruce s’approche d’elle, lui sourit en la fixant, lui donne une tape sur la main… J’ai beau ne même pas être père, j’en suis ému. Quel souvenir pour la gamine ! Un mot sur les écrans vidéo. Vive le numérique ! La qualité d’image est impeccable, et la forme des écrans en « T à l’envers » permet de présenter une image rectangulaire type cinémascope de taille maximale soit horizontale, soit verticale, et en cela de retransmettre l’action de façon très élégante. Chapeau ! car de là où j’étais, sans les écrans, faut des jumelles.
C’est ensuite que ma méconnaissance de l’œuvre de BS va s’avérer un sérieux handicap. Car quand s’enchaînent trois, quatre… cinq titres qu’on ne connaît pas et qui sont plus ou moins de la même veine, je dois avouer que c’est difficile d’accrocher. Encore une comparaison avec U2 : même si on ne connait pas bien leurs chansons (tubes mis à part), elle sont vraiment faciles d’accès, très épurées, très « lisibles » si vous voulez. Celles de Springsteen, pour une grande partie de son répertoire, c’est une autre affaire. Beaucoup de ses chansons sont en effet très chargées instrumentalement, beaucoup (trop à mon goût) de piano, une batterie bourrine omniprésente, assez confuses mélodiquement et avec beaucoup de paroles encore et encore au détriment d’une certaine idée de la « musicalité ». Si des purs fans du Boss lisent ça, vraiment désolé, mais vénérer Springsteen n’empêche pas d’avoir ses propres goûts, et en ce qui me concerne et mes goût rock, un certain goût pour l’épure textuelle (en gros,
un bon gros solo de guitare qui déchire vaudra toujours mieux que deux couplets de plus. Pas pour rien que je suis avant tout un fan de Prince 8) !).
Alors voilà, à 80m de la scène, au milieu d’un public sympathique mais très sage et assis, j’ai petit à petit décroché, et quand enfin un titre que j’aime ou un moment magique avec le public se présente, je suis un peu ailleurs, pas assez connecté. Je m’en veux même ! « The River » est jouée, comme rarement sur la tournée, et je n’en frémis même pas. Ca m’a rappelé l’ambiance du concert de Prince le 17/08/2008 quand il nous avait endormi avec de la musique « lounge » avant le début du show au point qu’on n’était même pas excité quand le concert a débuté sur « 1999 », fallait le faire ! (Calhoun, si tu te rappelles
). « The Rising » me redonne un peu la pêche. Ah y a pas à dire,
les puristes springsteeniens m’en voudront peut-être, mais c’est ce Bruce Springsteen là que j’aime, celui de cet album-là, épuré, efficace, mélodique, puissant. La reprise des titres anciens sonnera le glas de mon excitation renaissante au point que je n’arrive pas, un comble, à apprécier pleinement, les deux bombes soniques populaires que sont « Born to Run » et « Dancing in the Dark ». Mince alors…
Et puis, la surprise. Dernier titre,
«American Land » est une chanson dans la veine des vieilles chansons irlandaises jouées à fond la caisse avec violon speedé, on pense aux Pogs. J’ignore si BS en est l’auteur ou si c’est une reprise. Les paroles qui parlent d’une Amérique terre de rêve et de mort (le texte défile au fond de la scène et la mort, celle des ouvriers, des prolos qui ont bâti l’Amérique, y est omniprésente), le côté jovialement bourrin de la musique est jubilatoire et le groupe s’éclate, Bruce en tête, le visage barré d’un énorme sourire. Fin du concert.
Impression ambiguë à la sortie. Impression d’avoir assisté à un très bon, voir un très grand, concert du Boss mais de ne pas avoir été capable de l’apprécier à sa juste valeur, faute d’érudition. Je ne peux m’empécher néanmoins de me dire que les mêmes titres, dans un ordre différent, auraient eu un autre impact sur moi. «American Land » en plein milieu du concert m’aurait refilé la pêche. Ajoutez y Born To Run dans la foulée et c’était reparti. Mais on ne refera pas le match, même au Parc des Princes !
Comme par hasard, le back catalogue du Boss est réédité en version remasterisée, enfin. Ah si Prince pouvait s’en inspirer...(du calme Slimongi, DU CALME :evil: !!!). L’occasion de combler quelques lacunes se présente, ne serait-ce que pour acquérir « The River »...
Retournerai-je voir Bruce Springsteen en concert ? Vu ce que ce mec m’inspire (une certaine définition de l'amour universel), et sa rareté, je pense vraiment que oui. Et d’ici là, je connaîtrai sans doute mieux son répertoire.
La set list :
Adam Raised A Cain
Radio Nowhere
No Surrender
The Promised Land
Spirit In The Night
Rendezvous
Candy's Room
Atlantic City
Janey Don't You Lose Heart
Darlington County
Because The Night
She's The One
Livin' In The Future
Mary's Place
Fire
For You
The River
The Rising
Last To Die
Long Walk Home
Badlands
Out In The Street
Girls In Their Summer Clothes
Tenth Avenue Freeze-Out
Born To Run
Bobby Jean
Dancing In The Dark
American Land
Pour plus d’info, en anglais certes, mais par des spécialistes cette fois:
http://www.brucespringsteen.net
!! Mais bon… le Boss, c’est comme Prince, ça se commande pas, du moment qu’on peut claquer les 100€ (89 pour être exact) pour la place sans mettre son budget en péril, pourquoi se priver ? Bruce, avec le E. Street Band, ça va dépoter… même si le dernier album est très décevant. Perso j’aimerais qu’il joue pas mal de titres de « The Rising », un de mes disques préférés tout artiste et époque confondues, sans trop y croire. « The River » et « Thougher than the Rest », non joués en 2002 et de retour dans la set list depuis, seraient les bienvenues. 
