Sonique. Deuxième album événement du groupe américain bouillonnant.
les fans de Prince et Bowie devraient adorer
a ne pas rater
Toute la presse musicale a déjà clamé son émoi : Return to Cookie Mountain est une délicieuse catastrophe naturelle, un séisme sonore accouché par cinq New-yorkais atypiques et détachés de tout courant esthétique aisé à étiqueter. Possible déception du lecteur à ce stade : non cette critique n'ira pas à contre-courant des efforts produits par les confrères. Car TV on the Radio est assurément un groupe dont on se rappellera dans les temps à venir. Desperate youth, blood thirsty babes avait surpris, son successeur met KO.
TV on the Radio
Elle descend de la montagne
Plutôt que de ressortir les atouts de sa production précédente, le combo a choisi de pousser un cran plus loin l'innovation. Avec aux commandes un David Sitek propulsé au rang de génie en devenir (architecte du groupe, il produit le prochain Massive Attack), les cinq musiciens ont durci le discours et radicaliser l'approche. De plus en plus marquée par la situation politique de leur pays (« I was a lover before this war » sur I was a lover, entre autres indices), leur musique se joue à nouveau des perceptions, alignant quantité de trouvailles et mêlant une foule de registres : des nappes qui bruissent en arrière-plans de polyphonies vocales aigues (Kyp Malone et Tunde Adebimpe font des miracles), des guitares qui saturent et des chants qui évoquent la transe, des arrangements qui surgissent sans prévenir, du gospel, du post-rock, du psychédélisme, du hip-hop, du jazz, du shoegazing pour les effets, de la soul pour la beauté des lignes de voix, des résonances africaines... Toutefois, le groupe nous épargne les miasmes de la cérébralité, et il n'est pas obligatoire (mais conseillé) de jouer au chasseur de trésors pour appréhender ces onze pistes hautement atmosphériques et immédiatement ensorcelantes par l'harmonie qui s'en dégage. En avant pour le tour de piste, où Marvin Gaye, Brian Eno et les Bad Brains figurent parmi les influences potentielles.
Video killed the radio star
TV on the Radio - David SitekWolf like me : épatant single au break inattendu, titre le plus dynamique par sa rythmique monomaniaque, ses cuivres tapis et sa mélodie fiévreuse. Let the Devil in : percussions tribales et choeurs fervents pour une chanson véritablement possédée. A Method : sublime collage de voix aux airs de marche militaire. Playhouses : batterie free-jazz qui ne faiblit jamais, ronflements électriques et ambiance embrumée. Dirtywhirl : blues obsédant aux ramifications presque électroniques. On pourrait passer en revue chaque composition et jouer le jeu des superlatifs et de la décortication, mais au final une idée directrice se dégage : cet opus est un chef-d'oeuvre qui s'amplifiera les années passant. Alors évidemment, l'effervescence autour de la formation peut lasser, celle-ci se retrouvant d'ailleurs au sein du disque, puisque le grand David Bowie vient discrètement y pousser la chansonnette sur le flottant et élégiaque Province. Il n'est d'ailleurs pas le seul : Katrina Ford de Celebration, Kazu Makino de Blonde Redhead, les musiciens d'Antibalas qui prêtent leurs cordes... Pour ne pas risquer l'overdose donc, mieux vaut tendre l'oreille loin des applaudissements pour l'accoler à cette musique épidermique et minutieuse, inventive et entêtante.
TV on the Radio subjugue, questionne et laisse pantois d'admiration. Return to Cookie Mountain est un disque majeur, fourmillant d'idées et de sensibilité, qui pourrait faire date (on le souhaite) dans l'histoire du rock et de la musique en générale. Rares sont les artistes qu'on ne peut comparer à d'autres avec certitude ou dont ne sait sous quel angle aborder leurs créations. Ces gars-là en font partie.
En fait, à la réflexion, et en commençant cette chronique, on se demande si TV on the radio n'est pas tout simplement le meilleur groupe de rock and roll du monde. Le plus original de ce milieu de décennie du premier siècle du nouveau millénaire, assurément... Le renouveau du rock and roll passe donc finalement bien par Brooklyn et est l'œuvre d'un groupe de cinq doux dingues décidés, emmenés par Tunde Adebimpe et David Sitek, unis pour repousser un peu plus loin encore les limites de la pop et du rock, qu'on croyait pourtant gravées à jamais dans le marbre.
En 2004, on avait aimé le premier opus, "Desperate youth, blood thirsty babes", et on se rappelle encore aujourd'hui de la difficulté de chroniqueur à retranscrire ce qui tenait de l'expérience sonore totale : dans le son, la forme et l'impression laissée. S'il resserre un peu les rangs mélodiques du côté des hymnes pop, rendant ce second opus un peu plus accessible, "Return to cookie mountain" (où l'on croise David Bowie toujours défricheur, et la chanteuse des étranges Célébration) n'en demeure pas moins une véritable œuvre contemporaine, unique en son genre et en tous points louables. Poussant le mot fusion jusque dans ses derniers retranchements, le groupe invente le "post post rock". Soit une musique rock dans sa sonorité, pop dans sa volonté, mais traité globalement comme le ferait DJ shadow d'un bon vieil album vinyle. Chaque partie : guitare claire ou triturée, nappe électrisée, batterie, Bowie, voix doublée, sifflement, cuivres, y apparaît comme un extrait chipé sur des disques du passé -les années 80 en filigrane- et remontés sur un fil sémantique ténu mais efficace. Des samples, mais pas samplés, des remixes, mais un groupe rock… Le rock inventé à la mode des années 2000. Soit un rock qui ne peut plus se départir des percées musicales technologiques et de l'esthétique du collage qui ont régné en maître sur la fin des années 90 et le début des années 2000.
Chaque titre accroche pourtant l'oreille par la facilité (ce n'était pas le cas du premier opus) qu'on a à s'en rappeler, avant même que l'oreille analytique ne se mette en branle et se prête au jeu de repérer ici le détail, là la trouvaille sonore, là le hiatus. Autant d'éléments épars qui ailleurs seraient apparus comme une dilapidation de la formule et qui se transcendent ici comme autant d'éléments indispensables à la richesse constitutive du son de TV on the radio. Le tout sans être une demi seconde intello, rasoir ou pesant. La facilité avec laquelle ils se jouent de cet album pourtant riche est même presque vexante. La lutte va être rude dans la seconde partie de l'année, pour aller détrôner au panthéon dans lequel il vient de s'installer.
TV on the Radio réinvente le rock
- bastho
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- Enregistré le : 13 août 2003, 14:39
- Localisation : Saint Lô (capitale de la manche ca tape)
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moi je l ai trouve tres bof
trop proche du 1er
grosse grosse deception........
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Du groove et assimilé made in Normandie, enjoy...
https://soundcloud.com/user-310971396
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- keepdafunkalive
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- Enregistré le : 18 août 2002, 10:43
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j'ai découvert le groupe il y a 1 mois environs : j'adore
regarder leur passage en live à l'émission de Nic Harcourt "Morning Becomes Eclectic"
cliquez le lien :
http://media.kcrw.com/video/real/mb0609 ... _the_Radio
bon visionage, et bonne découverte
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bon visionage, et bonne découverte