Les musiciens du groupe sont toujours actifs
SI LA VIE de Noir Désir a été mise en sommeil depuis la détention de Bertrand Cantat, les trois autres membres du groupe n'ont pas laissé tomber la musique pour autant. Avant le drame de Vilnius, ils avaient déjà des activités parallèles, qu'ils ont poursuivies depuis. Serge Teyssot-Gay, le guitariste, avait déjà sorti deux albums solos en 1996 et 2000.
On a pu le voir en première partie des Têtes raides, formation très proche des Bordelais, au Bataclan, en février dernier. On entend aussi sa guitare sur un titre du nouvel album des rappeurs franciliens de la Rumeur, « Regain de tension », groupe que Noir Désir avait invité sur des premières parties lors de sa dernière tournée. Serge Teyssot-Gay a, en outre, donné des concerts cette année avec Khaled Geramani, un joueur d' oud syrien rencontré lors d'un concert de Noir Désir à Damas, en avril 2002. Le duo s'apprête à sortir chez Barclay, le 24 janvier prochain, un album baptisé « Interzone ». Le guitariste était également sur la scène de la Cité de la musique à Paris, avant-hier, dans le cadre d'un cycle sur la chanson contestataire. Il y a interprété des textes de Georges Hyvernaud extraits de « la Peau des os », où l'écrivain raconte sa captivité en camp de concentration, qu'il avait mis en musique sur son deuxième disque « On croit qu'on en est sorti ». Serge Teyssot-Gay a enfin publié deux livres-CD, intitulés « Contre » et « Dis pas ça », adaptations musicales de deux textes de l'écrivain Lydie Salvayre conçues au départ pour France Culture et présentées notamment dans le cadre du Festival d'Avignon. On retrouve sur ce projet Jean-Paul Roy, ancien technicien de Noir Désir, devenu bassiste du groupe après le départ de Frédéric Vidalenc en 1995. De son côté, le batteur Denis Barthe a, lui aussi, toujours participé à d'autres disques parallèlement à l'aventure du quatuor bordelais. On l'a régulièrement aperçu au sein d'Edgar de l'Est, formation originaire du Sud-Ouest avec laquelle il a enregistré un album en 1995. Il participerait actuellement à l'élaboration du premier disque solo du fondateur de ce groupe, Edgar Daguier.
« A Bordeaux, ça va être l'événement de l'année »
«LA SORTIE du nouvel album de Noir Désir va être l'événement musical de l'année à Bordeaux », pronostique Olivier Buitge, fan du groupe mais aussi vrai spécialiste de la question en tant que directeur du magasin Alice Média Store de Bordeaux-Lac. « Comme le marché du disque est un peu tombé, tout le monde cherche un moyen de tirer son chiffre, analyse-t-il. Il va donc y avoir une grosse mise en avant de cet album.
Il y en aura partout ! D'autant que ce sera peut-être le dernier témoignage de Bertrand Cantat sur scène. » Après le drame de Vilnius, tous les disquaires bordelais avaient mis en avant les disques de Noir Désir en augmentant un peu leurs prix. Les ventes n'avaient pas vraiment explosé et n'ont, à vrai dire, toujours rien d'excitant. « Elles sont au niveau normal d'un groupe qui n'a rien sorti depuis trois à quatre ans, qui ne fait plus de tournées et n'a pas d'actualité, constate Olivier Buitge. C'est pratiquement comme un groupe anonyme. Mais tous les fans attendent ce nouveau disque depuis plus d'un an, puisqu'il était prévu à l'automne 2003, et il va donc très bien marcher. »
« Ça ne me choque pas » Adèle, 25 ans, elle aussi fan du groupe bordelais, s'avoue impatiente. « Ça me fait vraiment plaisir qu'ils ressortent un disque et je l'achèterai, annonce-t-elle. Je les avais vus en concert, et j'ai déjà plusieurs CD d'eux. Ça ne me choque pas de donner indirectement de l'argent à Bertrand Cantat, car il est en train de payer sa dette vis-à-vis de la société. Et le disque, c'est le groupe, ce n'est pas seulement Cantat. »

De gauche à droite : Jean-Paul Roy (basse), Serge Teyssot-Gay (guitare) et Denis Barthe (batterie). (DALLE APRF.)







