MnT? a écrit :Personnellement, je pense qu'un artiste gagne à être engagé.
Tu n'as pas du lire mon post publié quelques heures après le concert de l'Olympia dans ce même topic. Je n'ai rien contre les artistes engagés lorsque ceux-ci sont crédibles. Là où tu te trompes, c'est que MADONNA n'est pas et n'a jamais été réellement une artiste engagée,ce qui m'a été confirmé par BhanLaRouge qui est pourtant assez fan de la Madonne. C'est seulement un égo surdimensionné qui, sous prétexte qu'elle est une SUPERSTAR internationale, nous balance une flopée de lieux communs pour nous faire comprendre combien elle est une fille bien et digne d'être adorée par ses fans. Elle se prend clairement pour ce qu'elle n'est pas et abuse du pouvoir qu'elle a sur ses fans. Et BhanLaRouge, qui est pourtant assez fan de Madonna, a abondé dans mon sens dans son post qui avait suivi le mien.
La scène n'a jamais été le lieu adéquat pour un Artiste ou un Musicien pour y tenir des discours engagés. Si l'Artiste veut s'engager,il doit le faire clairement dans le coeur de son oeuvre ou alors en tant que citoyen, débârassé de ses attributs de SUPERSTAR. Cela lui donne alors une légitimité pour éventuellement parler de ses convictions dans des interviews par exemple mais il ne doit jamais prendre son public en otage sur scène.
Pete Townshend,l'Ultra-Lucide, mon "idole" absolue, l'avait clairement compris. Et d'ailleurs tout l'album TOMMY ne parle finalement que de ça puisque le personnage TOMMY n'était qu'un prolongement caricatural de ce que représentait Pete Townshend à l'époque,c'est-à-dire un porte-parole de sa génération. Pete Townshend s'était posé beaucoup de questions à l'époque. Comment gérer ma popularité et mes nouvelles responsabilités envers mes fans ? Comment, tout en restant un Artiste relativement engagé ( passer en 6 ans du point de vue de MY GENERATION ( 1965) à celui de WON'T GET FOOLED AGAIN ( 1971) qui, chanson mal comprise à l'époque, était en réalité un hymne CONTRE et non POUR la Contre-Culture et enterrait alors les utopies hippies, c'était quand même assez phénoménal ; John Lennon avait suivi aussi un peu le même cheminement de pensée que Townshend à l'époque et avait lancé dans la chanson GOD " the dream is over" et " I don't believe in Beatles". ) , ne pas me laisser griser par mon nouveau pouvoir que j'exerce sur mes fans ? Comment rester lucide et ne pas prendre la grosse tête ? Pete Townshend en avait conclu, entre autres, qu'il ne fallait jamais balancer de sermons sur scène, que ses prises de position ne devaient avoir lieu que dans les paroles de ses chansons, qu'il fallait toujours laisser le libre arbitre à ses fans car la SUPERSTAR toute puissante et son Public ne sont jamais sur un pied d'égalité. C'est pourquoi Pete Townshend avait par exemple fracassé sa guitare sur le crâne d'Abbie Hoffman,le célèbre activiste anarchiste, lorsque celui-ci avait profité d'un court intermède entre deux chansons des WHO lors de leur passage à Woodstock, pour monter sur scène et balancer un sermon politique à la foule présente. Cet incident est resté célèbre.
Pour résumer l'oeuvre TOMMY des WHO de manière un peu caricaturale : TOMMY, autiste depuis sa naissance ou presque, se découvre soudain des dons de joueur de flipper et il devient le champion en titre, ce qui lui permet de se soigner de son autisme. Il devient alors l'idole de toute une génération. Jusqu'ici le parallèle avec Pete Townshend, adolescent hyper-complexé par son nez et son physique, qui devient presque du jour au lendemain une Rock Star adulée de tous, grâce à ses dons de musicien, d'instrumentiste et de show-man, est assez hallucinant. Mais arrivé à ce niveau de popularité, Pete Townshend s'est posé les bonnes questions tout comme,je pense, le Dylan des débuts qui a fui ensuite la plupart du temps les chansons engagées. Malheureusement pour lui,Tommy n'est pas aussi lucide que Townshend et Dylan et ne se rend pas compte que sa popularité n'est due qu'à son parcours et ses dons de joueur de flipper. Idolatré par ses fans et aveuglé par son désir d'être aimé, il prend la grosse tête, se prend pour un gourou et fonde avec l'aide de sa famille qui y voit surtout une entreprise commerciale, des camps de vacances ( TOMMY'S Holiday camp ) où il se prend très au sérieux et balance des sermons à ses fans ,leur explique comment revivre son expérience, comment vivre comme lui, comment vivre à travers lui. Mais dans la dernière chanson de l'album ( WE'RE NOT GONNA TAKE IT ), ses fans venus en masse pour l'écouter finissent par ne plus supporter ses sermons , par vouloir vivre par eux-même et rejettent en masse ses enseignements et ses pratiques et finalement l'abandonnent. Rejeté par tous, TOMMY replonge dans son autisme.
Voilà !!! Je pense que Madonna est en train de devenir une TOMMY moderne. Avec l'âge,le succès lui est plus que jamais monté à la tête. Comme me l'avait confirmé BhanLaRouge dans son post, Madonna ne s'est jamais engagée dans ses albums ou ses chansons et son public ne l'a donc surtout suivie depuis ses débuts que pour ses dons de "chanteuse", de "danseuse" ou de "compositrice". Son public est donc venu principalement la voir à l'Olympia pour ça. Et sur une durée ridicule de 50 mns de show, elle nous balance des lieux communs pendant 10 minutes. Elle a perdu clairement toute lucidité sur ce qu'elle représente vis-à-vis de ses fans et dans les médias. Ce n'est pas parce que l'on a chanté toute sa vie " j'aime les jolies pépés, les glaces au chocolat et les belles bagnoles" et que l'on a eu beaucoup de succès pour ça , que l'on a obligatoirement des choses intelligentes à dire sur la politique,les droits de l'homme,le combat pour les droits des homosexuels ou le réchauffement de la planète ou que sais-je encore et que l'on doit l'imposer à ses fans lors de ses concerts. Il ne faut pas tout mélanger. Et la fin de son concert à l'Olympia avec les spectateurs mécontents criant "remboursez! remboursez! remboursez !" et autres noms d'oiseaux ( même si j'ai bien compris que les pancartes n'ont pas été faites juste après le concert ) me fait beaucoup penser à la fin de TOMMY. Et à la différence de TOMMY, Madonna n'a pas pour excuse d'avoir été autiste ou un désir brûlant d'être aimée sinon elle s'arrêterait plus souvent pour faire des dédicaces ou des photos avec ses fans.
Je le répète, même si je garde un souvenir un peu nostalgique de ses débuts, Madonna est humainement quelqu'un qui ne m'intéresse pas du tout.