Howe, Howe, Howe… C’est Noël !
On peut même dire que pour Michael Howe, c’est tous les jours Noël ! Archiviste officiel du Prince Estate depuis la deuxième moitié de 2017, il est avec Troy Carter, celui qui dirige tout l’héritage artistique post-mortem de Prince. Après avoir pris ses marques avec « Piano & A Microphone 1983 », Michael a piloté, outre la compilation « Originals », les deux premiers coffrets Super Deluxe de Prince avec les sorties de « 1999 » et « Sign O’ The Times » en versions remasterisées et augmentées. A l’occasion de l’enregistrement des épisodes 8 et 9 de VIOLET consacré à l’élaboration de « Sign O’ The Times », Michael Howe nous a accordé un entretien exclusif à destination de tous les lecteurs de Schkopi.
SCHKOPI.COM : Tout d’abord, cela fait maintenant un peu plus de trois ans que vous êtes devenu l’archiviste officiel de la musique de Prince. Au terme de cette période de travail intensif, quel est votre sentiment général quand vous vous retrouvez devant toute cette musique enregistrée ?
MICHAEL HOWE : Mon sentiment est à peu de choses près le même que celui que j’ai ressenti au tout début de cette aventure. C’est un véritable privilège d’être capable de m’immerger dans cet incroyable travail artistique qui est celui de Prince. Chaque semaine amène son lot de surprises et cette plongée permanente dans cette œuvre gigantesque est à la fois un accomplissement professionnel et personnel, et qui m’apporte également énormément de plaisir.
SC : Pouvez-vous nous raconter une journée de travail ordinaire dans la vie de Michael Howe ? Lorsque vous vous rendez à Iron Mountain, quel est le « modus operandi » ? Par exemple, est-ce que vous archivez de manière chronologique ou est-ce que c’est un peu plus libre ?
MH : Généralement, ce qui se passe la plupart du temps est effectivement un archivage qui se fait chronologiquement dans le temps, ne serait-ce que parce que nous devons prioritairement préserver les enregistrements les plus anciens de par leur vulnérabilité. Une fois digitalisées, nous ne touchons plus aux bandes d’origine, évitant ainsi des manipulations inutiles qui pourraient encore plus fragiliser l’état des bandes. Le challenge est de pouvoir coordonner des impératifs de préservation à des impératifs plus commerciaux. Par exemple, quand il a été décidé que la prochaine publication serait le coffret « Sign O’ The Times », nous avons dû nous focaliser sur toute cette période et nous avons alors entrepris de rassembler le plus de choses possibles rattachées à celle-ci.
SC : Parlons de l’édition Super Deluxe de « Sign O’ The Times », si vous le voulez bien. Lors de son élaboration et de son développement, y a t-il eu des choix éditoriaux qui ont été faits en cours de route, tels que des titres retirés ou d’autres ajoutés ?
MH : Il y a eu effectivement des choix éditoriaux, mais nous avons essayé tant que faire se peut d’écarter certaines choses qui n’étaient pas envisagés à un moment ou à un autre au processus qui a amené Prince à sortir « Sign O’ The Times ». Par exemple, le matériel exclusivement instrumental envisagé pour le projet « The Flesh » ou les albums de Madhouse, ainsi que des titres destinés à être interprétés par les artistes « protégés » ont été écartés. Il y a eu aussi des cas où nous nous retrouvions avec plusieurs mixes d’un seul et même titre, et il a fallu conserver les versions qui différaient réellement de ce que Prince avait sorti officiellement à l’époque, pour laisser de côté les versions moins intéressantes ou, du moins, qui n’apportaient pas de changements si notables qu’elles ne nécessitaient pas d’être présentes dans la configuration définitive du coffret.
SC : Contrairement à « Originals » ou à l’édition Super Deluxe de « 1999 », Niko Bolas semble avoir été moins impliqué dans les mixes finaux. Cela signifie-t-il que pour cette sortie, vous avez eu plus de facilités à trouver les mixes originaux tels que Prince les envisageait ?
MH : Les seules fois où nous établissons et décidons d’un mix est quand nous n’avons pas d’autres solutions possibles. Nous nous retrouvons alors avec ce qu’on appelle des « rough mix » tels qu’envisagés par Prince, et la plupart du temps ces « rough mix » ne sont disponibles que sur des K7 laissées par Prince, avec une intégrité sonore qu’il n’est pas possible de sortir commercialement. Du fait de ces problèmes de fidélité sonore, nous prenons alors ces K7 comme des sortes de guides qui nous permettent de restituer le mix tel que voulu par Prince mais avec les multi-pistes que nous avons en notre possession. Donc pour moi, le terme mixer n’implique jamais une quelconque liberté artistique de notre part.
SC : Avec « Piano & A Microphone 1983 » et plus spécifiquement avec le titre « Mary Don’t You Weep », nous avons pu réaliser à quel point certains enregistrements avaient souffert de la traversée du temps. Ici, nous pouvons également le constater sur des morceaux tels que « Soul Psychodelicide » ou « Wally », bien que ce soit moins perceptible. Comment faites-vous pour essayer de réparer ces dommages sonores avant leur publication officielle ?
MH : Dans les cas de « Soul Psychodelicide« , de « Wally » et d’autres titres aussi, nous avons été assez chanceux tellement les imperfections sonores étaient assez minimes pour cette sortie. Nous n’avons pas eu de « rough mix » ou de masters totalement inutilisables. Donc même si il y a des petites imperfections qui peuvent ressortir à l’écoute, nous n’avons pas tant retouché ou réparé que ça le matériel que nous avions, et quand bien même nous aurions rencontré des détériorations irréversibles, cette période créative non-stop de Prince représentait pour nous un tel univers de choix multiples et possibles que nous n’aurions pas hésité à trouver des alternatives, mais fort heureusement ça n’a pas été le cas.
SC : Ce coffret Super Deluxe de « Sign O’ The Times » , on ne le répétera jamais assez, est assez incroyable. Cependant, on ne peut pas évoquer Prince sans parler de ses aftershows exceptionnels qui montrent une autre facette de lui, celle d’un musicien libre de jouer ce qu’il veut, de manière plus détendue, devant des publics plus restreints. A un moment, avez-vous pensez à inclure un de ces aftershows, que ce soit en audio ou en vidéo ?
MH : C’est une excellente question ! Nous avons envisagé de nombreuses possibilités, mais comme nous avions déjà un show audio de la tournée ainsi que le DVD du Concert du Nouvel An 1988 à Paisley Park qui montraient à la fois la version live la plus complète, la plus sauvage et la plus plaisante de Prince, si représentative de toute cette période, nous avons mis de côté cette idée. Toutefois, quand nous envisageons ces éditions Super Deluxe, nous survolons tout ce qui existe, que ce soient des aftershows ou des événements particuliers, et je suis certain qu’à un moment cet aspect de Prince verra le jour à l’occasion d’une prochaine sortie. Mais il faut que ce soit fait de la manière la plus judicieuse, la plus respectueuse, la plus exhaustive et la plus intègre possible, ne serait-ce parce que le travail de Prince l’exige.
SC : L’année 1987 est sans l’ombre d’un doute une année très riche en terme de publications dans la carrière de Prince. En effet, cette année-là nous avons eu droit aux deux albums de Madhouse, au troisième album de Sheila E, ainsi que ceux de Jill Jones et Taja Sevelle. Beaucoup de fans voudraient savoir si ces productions feront également l’objet de rééditions éventuelles ?
MH : Il y a effectivement une possibilité qu’à un certain moment, certains des albums d’artistes signés sur Paisley Park Records puissent être réédités. Je ne sais pas exactement quand cela se produira, mais ce sont bien des discussions que nous avons en interne. Nous avons parfaitement conscience qu’il y a une demande des fans qui existe pour ce type de sorties, et je peux vous dire que nous allons prochainement avancer sur cette question spécifique.
SC : Toujours à propos de l’édition Super Deluxe de « Sign O’ The Times », vous avez déclaré que dorénavant, les fans pouvaient rassembler les morceaux que constituaient « Dream Factory », « Camille » et « Crystal Ball », trois projets qui ont amené à « Sign O’ The Times ». Cependant, certains titres manquants sont disponibles sur le « Crystal Ball » de 1998. Est-ce qu’il y a une envie de la part du Prince Estate et de Sony, de bientôt sortir cet album en CD et en Vinyle, comme ce fut le cas pour d’autres albums issus du catalogue NPG Records et précédemment réédités ?
MH : Oui, Sony envisage bien de rééditer le « Crystal Ball » de 1998, et ce dans un futur assez proche. Toutefois, je ne suis pas suffisamment au fait de leur planning de sorties pour pouvoir vous communiquer une date exacte. Je sais qu’ils sont très désireux de mettre cet album sur le marché car ils sont pleinement conscients du potentiel de celui-ci.
SC : Le dernier titre qui pourrait vraiment rassembler toutes les pièces du puzzle, c’est bien sûr « Rockhard In A Funky Place » qui n’est même pas disponible sur les plateformes de streaming et de téléchargement. Vous nous voyez venir, je pense… Etant donné que le « Black Album » était originellement prévu pour la fin 1987, y a t’il une chance que ce disque légendaire soit également réédité , ou bien est-ce que le Master, comme l’a souvent dit la légende, a bien été détruit par Warner sur demande de Prince après sa sortie officielle survenue en 1994 ?
MH : Effectivement, il y a une possibilité pour que le « Black Album » puisse ressortir, même si ce n’est pas une sortie à laquelle nous pensons dans l’immédiat. En tout cas, cette possibilité est bien présente. Nous avons pleinement conscience que c’est un album qu’apprécient les fans, sans parler de son impact sur la créativité de Prince et de son lien étroit qu’il entretient avec « Lovesexy« . Nous souhaitons vraiment présenter le « Black Album » de la meilleure des façons, de la manière la plus respectueuse qui soit, même si je le répète, cette sortie, d’après moi, ne sortira pas forcément dans l’année qui vient. En tout cas, c’est quelque chose dont nous parlons activement entre nous.
SC : En dehors des titres issus des configurations d’albums qui ont amené à « Sign O’ The Times », ce coffret contient également des titres tels que « The Cocoa Boys » ou « When The Dawn Of The Morning Comes », deux titres qui faisaient partie du projet « The Dawn ». Avez-vous trouvé d’autres titres issus de ce projet avorté ?
MH : Et bien, vous savez, ça va être assez difficile pour moi de répondre à cette question précise car, comme vous le savez sans doute, j’ai signé un accord de confidentialité, donc sur ce point vous ne pouvez vous en remettre qu’à votre imagination.
SC : Cette édition nous permet de suivre l’évolution dans le temps de certaines chansons sur lesquelles Prince revenait régulièrement, telles que « Witness 4 The Prosecution » ou « Big Tall Wall ». Parmi ces chansons, figure « Jealous Girl » présentée ici dans sa Version 2. Qu’en est-il de la version 1 ? Est-elle destinée à être disponible plus tard ou restera-t-elle à tout jamais inédite ?
MH : Je suis vraiment désolé mais voilà encore une question où si je vous réponds, je pourrais avoir des problèmes. (rires)
SC : Il y a de nombreuses histoires concernant des enregistrements qui auraient eu lieu entre Prince et Miles Davis. « Can I Play With U ? » est une preuve de ces enregistrements. Prince a longtemps raconté qu’il y avait d’autres titres enregistrés en compagnie de Miles, alors que pour quelqu’un comme Eric Leeds, ce ne serait pas vraiment le cas. Qu’en est-il vraiment ? Avez-vous mis la main sur d’autres enregistrements entre les deux musiciens ?
MH : Il y a des choses qui existent mais qui apparaissent pour la plupart comme étant non terminées, inachevées. Je suis en train de réfléchir à voix haute en même temps que je vous parle, mais de ce que je peux vous dire c’est qu’il n’y a pas vraiment d’album complet. Ça ne veut pas dire que nous ne trouverons jamais d’autres enregistrements, car pour tout vous dire il y a beaucoup de bandes enregistrées qui sont sans indications précises. Sait-on jamais, nous ne sommes pas à l’abri d’une bonne surprise concernant des bandes encore non archivées. Cependant, en l’état actuel des choses, il n’y a pas suffisamment de matériel pour constituer un album. Ce sont vraiment des bouts de choses soumises à Miles, mais sans vraiment que ça ait pu aboutir quelque part.
SC : Nous parlions tout à l’heure du catalogue NPG Records, rééditée à la fois en CD et en Vinyle depuis l’année dernière par Sony. Cette année, seuls le coffret « One Nite Alone Collection » et « The Rainbow Children » ont été publiés alors que beaucoup d’autres albums l’avaient été en 2019. Est-ce délibéré de baisser légèrement la cadence de publication de ces rééditions ou bien est-ce dû à la pandémie actuelle de la Covid19 ? Et d’ailleurs, cette pandémie a-t-elle plus ou moins chamboulé vos plans en termes de sorties ?
MH : Je ne fais pas partie intégrante de ce type de discussions internes et à ces choix qui dépendent principalement de Sony, car pour tout vous dire ils ont une certaine liberté à décider quoi sortir, et surtout quand. Maintenant, il est certain que cette pandémie n’a pas aidé. Ce que je peux vous dire par contre c’est que Sony est un formidable partenaire. Ils sont désireux de mettre à disposition tout le catalogue qu’ils possèdent et je pense qu’ils mettront un point d’honneur à publier des choses assez régulièrement.
SC : Parmi les projets connus du Prince Estate, il y a ce documentaire, visiblement envisagé en plusieurs parties, produit et diffusé par Netflix. En tant qu’archiviste, avez-vous également collaboré à ce projet, et si oui, que pouvez-vous nous en dire en l’état actuel ? Le matériel vidéo inédit est-il aussi étonnant à découvrir que les chansons encore non publiées ?
MH : Effectivement, le documentaire de Netflix est quelque chose qui est toujours en cours. Comme pas mal de projets, la pandémie actuelle a bouleversé le calendrier de production et de diffusion de ce documentaire. Et à ce stade, je n’ai pas de visibilité sur où ils en sont au niveau de la réalisation proprement dite, même si je sais qu’ils envisagent un portrait très exhaustif qui va nécessiter beaucoup d’archives, de documentation et de matériel censés embrasser toute la carrière de Prince. Tout ce que je peux vous dire c’est qu’ils semblent être en phase de travail intensif !
SC : Nous avons eu la chance de découvrir l’intégralité du concert donné par Prince le soir du 31 décembre 1987 à Paisley Park, et ce dans une remarquable qualité. Pouvez-vous nous expliquer comment s’est déroulé le travail de nettoyage et de restauration de cet enregistrement vidéo de presque 35 ans d’âge ?
MH : Effectivement, nous avons été assez chanceux avec ce concert. C’est un concert filmé avec l’aide de plusieurs caméras, et l’intégrité de cet enregistrement était assez élevée. Nous avons pu l’assembler car il y avait une copie cassette qui nous a servi de guide. Nous avions de plus une source audio elle aussi assez préservée concernant la majeure partie du show, même si ce n’était pas sur tout. En effet, si vous y prêtez attention, vous remarquerez qu’au début, nous n’avons qu’une piste en mono, au moment où Prince débute son discours et qu’il débute son morceau à la guitare, puis ensuite la stéréo explose car le mix stéréo ne commence que plus tard. Nous avons dû faire un pre-mastering, et c’est vraiment tout ce que nous avons touché. Ensuite, avec mon collègue Duane Tudhal, nous avons effectué un montage à partir des images tournées par chaque caméra afin d’obtenir le meilleur rendu possible, et avec une qualité supérieure à celle qui circulait jusqu’à présent.
SC : Concernant les concerts filmés, que s’est-il passé avec l’enregistrement du concert du First Avenue 1983 ? Au départ, il devait se retrouver dans l’édition Deluxe de « Purple Rain » sortie en 2017, puis nous avons eu comme information qu’il avait été vendu à Apple pour leur nouvelle plateforme de streaming AppleTV+. Pouvez-vous nous dire ce qu’il en est vraiment ?
MH : Je ne peux pas vous dire, non pas que je ne veuille pas vous le dire, mais je ne sais vraiment pas ce qu’il en est. Tout ce que j’espère c’est que ce document pourra émerger très prochainement. Il y a des chances que ce concert fasse l’objet également d’un documentaire, mais je ne sais pas vraiment quand cela se produira. C’est sans doute dû à des impératifs de stratégies commerciales, ce genre de choses…
SC : Concernant « Purple Rain », vous avez par le passé déclaré deux choses. La première est que vous aviez pu mettre la main sur une version de « When Doves Cry » avec des pistes instrumentales supplémentaires envisagées puis délaissées lors de sa sortie officielle en 1984. La deuxième chose que vous avez déclarée est que vous n’étiez pas très satisfait de ce qui avait été fait pour l’édition Deluxe de « Purple Rain » il y a maintenant plus de trois ans. Partant de cette double constatation, est-ce que cela veut dire que nous pouvons nous attendre à une possible réédition de « Purple Rain », bien plus exhaustive, dans un futur plus ou moins proche ?
MH : Je l’espère vraiment, mais comprenez bien que mes souhaits personnels ne sont pas le seul facteur qui décide de telle ou telle sortie, et que d’autres personnes sont impliquées. C’est une hypothèse que nous devons prendre en considération, de la manière la plus sérieuse et précautionneuse possible, comme nous le faisons d’ailleurs pour tous nos projets. J’ai, en ce qui me concerne, une idée très précise de ce à quoi ça devrait ressembler et c’est effectivement une option de sortie à laquelle je tiens.
SC : Pardonnez-nous si nos informations sont erronées mais il apparait qu’à partir de l’année prochaine, certains albums qui étaient jusqu’à présents distribués par Warner vont l’être par Sony pour tout ce qui concerne le territoire Nord Américain, alors que Warner continuerait d’avoir les droits de distribution pour le reste du monde. Est-ce que cela affectera d’une manière ou d’une autre les sorties futures de matériel inédit ou pas du tout ?
MH : Je ne pense pas. En fait l’accord avec Sony ne concerne uniquement que les États-Unis et non pas toute l’Amérique du Nord. Ce sera effectivement un « répertoire » partagé avec Warner pour le reste du monde. Mais je le répète, ça n’affectera pas les décisions de l’Estate et de ce qui doit sortir ou pas. Je tiens à préciser que Sony et Warner sont très collaboratifs, et désireux de mettre en commun leur savoir-faire, et je n’imagine pas un seul instant qu’il puisse y avoir un quelconque problème dans le futur.
SC : Nous savons que vous ne pouvez pas nous dire à quoi nous attendre en termes de futures sorties pour l’année 2021, puisque vous avez signé une clause de confidentialité, toutefois pensez-vous que les fans seront surpris, touchés, émus ou excités par ces publications à venir ?
MH : Oui, je le crois. Il y a deux projets sur lesquels nous travaillons actuellement, et je pense que chacun à leur manière, ce seront des surprises plaisantes, capables de satisfaire à la fois les fans les plus ardus et les autres auditeurs, plus novices, qui sont en pleine découverte de Prince et de sa musique.
SC : Lorsque vous avez commencé votre travail d’archivage, imaginiez-vous que les fans seraient aussi impliqués qu’ils le sont ?
MH : J’avais l’idée que les fans auraient une forte opinion et qu’ils seraient engagés comme ils le sont, qu’ils auraient également à cœur cet esprit de dialogue et de discussion sur ce qui sort du Vault. Pour tout vous dire, je n’étais pas forcément préparé à certaines critiques très sévères que j’ai pu lire sur des forums ou les médias sociaux, mais ça fait partie de la règle du jeu. Cela prouve aussi qu’ils sont passionnés par tout ce qui a trait à Prince, et quelque part c’est une bonne chose qu’ils aient un avis et qu’ils puissent en parler, et j’encourage vraiment chaque fan à discuter de son ressenti sur ce que nous faisons.
SC : Mais est-ce que vous comprenez ce que vous représentez pour les fans ?
MH : Oh… quelle responsabilité ! Écoutez, vous savez, je ne suis pas quelqu’un qui me prend trop au sérieux, par contre je considère mon travail comme quelque chose de très sérieux et de très important. Je pense être un fan comme n’importe lequel d’entre vous, qui a juste la chance d’être là où je suis actuellement. Peut-être ma voix compte-t-elle juste un peu plus que celle d’un simple fan.
SC : Oui peut-être, mais à cette différence près que nous devons nous faire à l’idée de mourir sans avoir tout entendu de ce que recèle le Vault, et que ce privilège vous incombe. Lorsque vous rencontrerez un fan, un journaliste ou qui que ce soit d’autre, pensez-y ! (rires)
MH : Oh oui c’est quelque chose dont je me souviendrais, et je dois dire que j’ai énormément de gratitude et d’humilité face à ma tâche, donc oui je garderais tout ça en mémoire pour les prochaines fois.
SC : Les années 1980 sont considérées comme l’âge d’or de Prince, et on peut dire que les années 1991 à 1995 sont considérés par beaucoup comme une période de renouveau. Vous qui commencez à avoir une vue un peu générale de l’œuvre de Prince restée encore inédite à ce jour, pensez-vous que les années 2000 et 2010 comportent aussi ses moments de grâce ?
MH : Oh oui tout à fait, je peux vous le certifier. Prince a toujours été, tout au long de sa carrière, capable de composer des choses incroyables. Donc oui, même sur les dernières années, il était en capacité d’étonner encore, et je pense même que vous en aurez un aperçu d’ici peu.
Propos recueillis par Elvis Paisley & Raphael Melki le 13 novembre 2020.