Évoqué depuis 2017, annoncé pour 2018, puis reporté en 2019 pour une sortie initiale prévue en juin, le tant attendu « 1999 Deluxe » est enfin là, ou presque. Il faudra attendre le 29 novembre prochain pour en découvrir toute la primeur et les splendeurs. En attendant la sortie du monstre (5 CD + 1 DVD ou 10 LP + 1 DVD, au choix), petites réflexions et pensées sur ce qui s’annonce enfin comme la première véritable sortie d’importance du Prince Estate.

C’ÉTAIT DEMAIN

Prince 1999

Lorsque « 1999 » sort le 27 octobre 1982, Prince sait déjà en son for intérieur que sa quête d’un succès de plus en plus large est en marche, jusqu’à atteindre son apogée planétaire avec  « Purple Rain » deux ans plus tard. La frénésie d’enregistrement qui est la sienne ne fait que s’accélérer, à tel point qu’il accumule assez de matériel pour constituer ce qui va devenir son premier double-album. En 1985, alors qu’il se prépare à tourner « Under The Cherry Moon« , Prince accorde une interview au journal Rolling Stone. Interrogé sur son dernier album en date, « Around The World In A Day« , Prince explique à Neal Karlen qu’il aurait pu surfer sur le succès de « Purple Rain », mais qu’il ne l’a pas voulu. Il enfonce un peu plus le clou en évoquant également « 1999 » : « J’aurais pu publier la suite de « 1999 », j’avais enregistré assez de matériel  pour ça. »

Prince 1999 Deluxe

« 1999 » est le premier vrai chef-d’œuvre de Prince, car il est aussi son premier concept-album. De l’ambiance futuriste générale aux visuels de pochettes, de la tournée aux clips, des arrangements aux compositions, tout a été pensé et réfléchi en une vision globale, celle d’un homme qui a vu le futur et qui en est revenu. Fasciné par le « Blade Runner » de Ridley Scott qui sort la même année et interloqué par un reportage post-apocalyptique qu’il regarde à la télévision dans une chambre d’hôtel en compagnie de son groupe, alors qu’il est en pleine tournée, l’idée de « 1999 » émerge.

Prince 1999 Deluxe

La suite, tout le monde la connaît ou presque. Fort du succès des singles « Little Red Corvette« , « 1999 » ou « Let’s Pretend We’re Married » dans les charts, aidé par une tournée américaine dont la capacité des salles augmente au fil des mois et par MTV qui diffuse en rotation continue tous ses clips, y compris le sulfureux « Automatic », l’album va alors s’écouler à plus de 3 millions d’exemplaires entre octobre 1982 et juin 1984, date à laquelle le tsunami « Purple Rain » va alors frapper de plein fouet.

Prince 1999 Deluxe

1999, REMASTERED & EXPANDED

C’est donc quasi trente-sept ans plus tard, à un mois près, que Warner Bros Records et le Prince Estate ont décidé de repartir vers cette date symbolique de l’ère princière.

Première constatation, les deux entités semblent avoir enfin appris de leurs erreurs, bien que tout ne soit pas parfait (on y reviendra). Des manquements qui les avaient amenés à proposer une édition Deluxe de « Purple Rain » en 2017 assez décevante, quelque peu flinguée par une annonce d’origine et la réalité des faits. Initialement ce coffret devait être proposé dans un packaging de la taille d’un LP, avec deux CD de matériel inédit issu du Vault alors à peine exploré par les ayants-droit, ainsi que le DVD du fameux First Avenue 1983, le tout remasterisé en bonne et due forme.

Purple Rain Deluxe

A l’arrivée, seul un CD d’inédits répondra à l’appel, le First Avenue a purement et simplement disparu, et la remasterisation promise ne concernera que l’album original, effectuée par un Joshua Welton dont le boulot n’aura consisté qu’à pousser les potards à fond les ballons avec la bénédiction d’un Prince encore vivant, et dont le résultat final est une totale souffrance pour les oreilles. Quant aux inédits, là aussi la qualité sonore des pistes proposées oscille entre le bon et le franchement douteux. On apprendra quelques mois plus tard, histoire de laisser passer la sacro-sainte langue de bois promotionnelle, que les titres sont en fait issus de Mixdowns jusqu’ici enfermés dans un coffre oui, mais pas du tout celui de Paisley Park, plutôt celui situé chez Warner Bros Records à Burbank. A la décharge de Warner, il est bon de rappeler qu’à l’époque l’Estate est piloté par Londell McMillan dont on connait aujourd’hui les démarches commerciales douteuses qui ont été les siennes suite au décès de son ami Prince, et de sa capacité visiblement sans limites à freiner les ambitions de Warner.

Mais ceci semble déjà de l’histoire ancienne. En 2019, Troy Carter et son acolyte/archiviste Michael Howe sont toujours à la barre du Prince Estate et n’en répondent qu’à leur employeur Comerica Bank, en charge de la gestion patrimoniale du chanteur.

Alors que « Originals » devait être publié l’année dernière dans la foulée du single « Nothing Compares 2 U« , c’est le branle bas le combat et le changement stratégique opéré en dernière minute qui fait que Warner sortira finalement « Piano & A Microphone 1983 » comme la première sortie officielle décidée par le binôme en place.

Prince Piano and Microphone

Le fan l’a plutôt mauvaise quand il songe à tous ces trésors enfouis qui sommeillent dans le Vault de Paisley Park, désormais déplacé à Iron Mountain, Los Angeles, Californie afin de s’y refaire une beauté numérique ; remise à niveau, dépoussiérage et référencement dignes de ce nom sont annoncés au programme. Il est surtout hors de question pour les deux hommes de proposer une nouvelle fois de futures éditions qui ne soient pas digne de l’héritage laissé par le Purple One. Du moins, sur le papier.

Lorsque « Originals » est diffusé le 7 juin dernier, toute la communauté semble ravie… ou presque. Si certains se lamentent de voir une nouvelle sortie avec des titres connus puisque ayant été confiés depuis belle lurette à d’autres artistes pour interprétation, d’autres se ravissent de voir que sur quinze titres proposés, la majorité n’a jusqu’ici jamais fuité en bootleg. Pourtant, une fois l’enthousiasme quasi général passé et l’effort salué, certaines oreilles bien affutées se rendent compte que le Diable se cache dans les détails, et à plus forte raison, au creux du sillon. La réverbération sur « Jungle Love », les parties voix en mono de « Manic Monday » , le souffle gênant sur « The Glamorous Life » et « Love… Thy Will Be Done », le collage douteux de « Noon Rendezvous » détecté par un fade in abrupt opéré sur la partie piano du morceau… Ces mix sont-ils vraiment ceux voulus par Prince ? Confiés aux soins d’un certain Niko Bolas, celui-ci avouera au moment de la promotion dudit « Originals » qu’il n’était pas un expert de la musique de Prince jusqu’à ce qu’on lui demande de mixer quinze morceaux à partir des bandes masters multitracks fraîchement restaurées. Peggy McCreary, ingénieure du son historique de Prince contactée par l’Estate pour cette sortie, conseillera d’ailleurs à Niko Bolas de revoir sa copie lorsque celle-ci écouta pour la première fois les nouveaux mix, en lui lâchant un simple mais foudroyant « Prince aurait détesté ce que tu as fait de sa musique. Recommence ! »

Prince, Originals

Bien évidemment, reconstituer un mix d’origine à partir de cassettes ou de bandes témoins détériorées par le temps n’est pas une tâche aisée et encore moins une science exacte, mais cette latence à pouvoir altérer l’intégrité artistique d’un morceau sera de nouveau franchie lorsque les fans, médusés, découvriront un « Cinematic Mix » de « Nothing Compares 2 U » constitué de toutes pièces présent sur les éditions japonaise et Target de « Originals« . On n’est pas encore dans le cas du « sosie » vocal de Michael Jackson sollicité dans le cadre de sorties post-mortem, mais l’Estate de Prince est quand même en train de mordre gentiment la ligne jaune.

DEMANDEZ LE PROGRAMME

Ce qui agace un peu le fan de Prince en cette année 2019 qui va bientôt s’achever -car le fan de Prince a ceci de particulier qu’il a beau être fan il a tendance à toujours râler et le plus souvent pour de bonnes raisons, c’est que l’artiste qu’ils chérissent, connu pour sa production pléthorique enregistrée sur plus de quarante ans, n’a pas encore eu le même droit de se faire coffrer comme d’autres artistes majeurs avant lui, comme par exemple et au hasard Led Zeppelin, les Beatles, Bob Dylan ou Pink Floyd. Et ça, pour un artiste qui s’est fait déplacer toute sa production audio-visuelle en Californie dans pas moins de trois semi-remorques, c’est un peu fort de café ! Jusqu’à ce mercredi 10 septembre où enfin la bonne nouvelle est tombée et ce fichu « 1999 Super Deluxe Edition » (attention ça rigole pas !) annoncé.

1999 Deluxe

Annoncé donc pour une sortie le 29 novembre prochain, l’album remasterisé et augmenté sera présenté sous plusieurs formats. Il y aura une version CD simple remasterisé au prix de 16.99€, une version 2LP remasterisés à 31.99€, une version Deluxe 2CD remasterisés (l’album original plus les B. Sides, versions Edit et Remix) à 17.99€ et son pendant en version 4LP remasterisés  à 65.99€, sans oublier bien évidemment les versions Super Deluxe 5CD + 1DVD à 65.99€ et 10LP + 1DVD à 189€. Ouch !

Quoi un DVD ?!?! Comment ça un DVD ?!?! C’est quoi ce DVD d’abord ?!?!?  On y arrive ! Dans un souci de logique et de compréhension, nous évoquerons donc ici cette édition à partir de la numérotation CD.

Commençons tout d’abord par le commencement, soit l’album original de 1982 présenté dans une version entièrement remasterisée  à partir des bandes masters multitracks , ne bénéficiant donc pas d’un simple boost du son. Inutile de dire que de toute la discographie princière, c’est sans doute avec « Sign O’ The Times » l’album de Prince qui en avait le plus besoin. Déjà, certains échos font état d’un résultat phénoménal et d’une redécouverte totale de l’album. Mais là encore, il faudra juger sur pièces et ne pas trop s’enflammer, même si bien évidemment cette annonce fait déjà furieusement plaisir.

Le CD2, sans doute le moins intéressant et surtout le plus répétitif, présentera toutes les versions promo (même les versions Mono), faces B et remix sortis à l’époque, ceci afin de respecter sans doute une certaine logique éditoriale et complétiste puisque ce type de sélection était également présent sur le « Purple Rain Deluxe ». Petit bonus par rapport à son prédécesseur de 2017, toutes les versions proposées ici auront fait l’objet d’une toute nouvelle masterisation.

On rentre dans le vif du sujet avec les CD3 et CD4 qui proposeront pas moins de 24 titres issus du Vault dont « Moonbeam Levels » déjà publié en 2016 sur la compilation « 4ever » mais issu à l’époque d’un Mixdown directement issu du Coffre de Warner et non des Masters trouvés à Paisley Park, contrairement à cette toute nouvelle version 2019. Par rapport à « Originals » dont la plupart des titres n’avaient pas fuité depuis plusieurs années, beaucoup d’inédits de ce « 1999 Super Deluxe » sont connus des adeptes de la discographie parallèle (et pirate) de Prince. Ils sont même trouvables en qualité plus ou moins audible sur YouTube.  « Money Don’t Grow On Trees », « Vagina », « Rearrange », « Bold Generation » et « Colleen » font donc partie des titres totalement inédits du lot. A côté de tous ces titres inédits, il y a également ce qui semble être des prises alternatives. C’est le cas de « International Lover (Take 1, live in studio)« , « Something In The Water (Does Not Compute) (Original Version)« , « How Come U Don’t Call Me Anymore ? (Take 2, live in studio) » dont la durée annoncée de six minutes et onze secondes serait une nouvelle découverte from the Vault, différente de la version longue évoquée par Peggy McCreary lors de la promo de « Originals ». Il y a également un medley de quatre titres constitué de « Lady Cab Driver« , « I Wanna Be Your Lover« , « Head » et « Little Red Corvette » dont on peut penser, au vu du sous-titre (Tour Demo),  qu’il s’agirait d’une tentative d’enchainement de ces morceaux en vue de les jouer en tournée. Chose importante à noter, ce medley serait bien un enregistrement studio et non une répétition live. Pour ce qui concerne le reste des titres, l’apport d’une qualité sonore optimum par rapport aux versions pirates est bien évidemment non négligeable. On soulignera enfin la présence de titres qui ont évolués avec le temps, c’est le cas de « Can’t Stop This Feeling I Got » dont la version finale finira sur « Graffiti Bridge » en 1990, ou bien encore de « Do Yourself A Favor » ou « Yah, You Know » visités en studio par Prince à intervalles plus ou moins réguliers sans jamais connaître officiellement la lumière du jour.

Cependant, quand on a découvert l’officialisation des titres, l’omission de deux morceaux phares de l’époque, bien connus des fans, a sauté aux yeux. En effet, nulle trace sur aucun des disques de « Lust U Always » et surtout de « Extralovable », pourtant un temps envisagés de sources bien informées. Les bandes sont-elles détériorées au point de ne pas pouvoir être correctement exploitées ? Les raisons semblent, malheureusement pour nous, bien plus terre à terre. Et si les paroles de ces deux chansons qui évoquent le viol comme étant un jeu sexuel privé, une ode à l’excitation des sens, ne pouvaient plus être entendues aujourd’hui à l’aulne du mouvement #MeToo ? Une aberration ?! Pas tant que ça visiblement, car déjà des voix officieuses se sont chargés de relayer l’information ; aucun décisionnaire, chez Warner ou au sein de l’Estate, n’aurait voulu prendre le risque de tendre le bâton pour se faire battre et risquer une possible ire de quelques pseudo gardiens de la morale, bien en mal de combats dignes de ce nom. Au royaume des Arts, le politiquement correct est dorénavant placé au-dessus de tout !

Quoiqu’il en soit, ce menu Super Deluxe sans frites ni Coca mais avec un quand même un super double dessert, se clôturera non pas avec un, mais avec deux concerts. Le premier, en audio seulement, est totalement inédit puisqu’il s’agit du second show enregistré à Detroit le 30 novembre 1982. Le premier show de cette même date était disponible en pirate, celui qui est présenté dans cette édition est donc une exclusivité totale.

Le second, en vidéo cette fois, est aussi une exclusivité puisqu’il s’agit du concert de Houston filmé à plusieurs caméras le 29 décembre 1982. D’après le compte youtube officiel, Prince a fait 2 shows ce soir là, et celui-ci serait le second. Une information intéressante, puisque ce concert était inconnu de tous. De plus, si on se réfère à la poignée de secondes remasterisées du First Avenue 1983 qui avait fuitées lors de la publication de « Purple Rain Deluxe » et qui, soit dit en passant, devrait toujours atterrir sur la future plateforme de streaming vidéo de Apple lors de son tout prochain lancement, on peut s’attendre à un possible petit miracle lorsque viendra le moment de glisser ce concert de Houston dans notre lecteur DVD.

Tout ne serait pas complet si nous n’évoquions pas le nouveau livret qui accompagnera ce programme de rêve. On devrait y retrouver des photos d’époque de Allen Beaulieu, quelques paroles manuscrites de Prince dont celles de « Little Red Corvette« , des photos des bandes trouvées dans le Vault pour cette occasion et bien sûr de nouvelles notes de pochettes. Cette fois-ci, elles ont été demandées au journaliste David Fricke de Rolling Stone, à Andrea Swensson, animateur de The Current , la station de radio bien connue des habitants de Minneapolis,

Duane Tudhal

et également à Duane Tudhal, auteur du remarquable ouvrage « Prince And The Purple Era Studio Sessions« . Mais l’ajout le plus notable à ces intervenants sera sans nul doute le témoignage qu’apportera Duff McKagan, bassiste des Guns ‘N’ Roses, grand fan de Prince et amoureux transi de « 1999 » dont il a dit à plusieurs reprises que c’était un album « qui lui avait sauvé la vie ».

Bref, vivement le 29 novembre, en attendant l’année prochaine et son « Parade Deluxe » ! Hein ?! Quoi ?! Comment ça, il fallait pas le dire…?!

1999 SUPER DELUXE EDITION

CD1 / LP 1&2 : REMASTERED ALBUM

1999
Little Red Corvette
Delirious
Let’s Pretend We’re Married
D.M.S.R.
Automatic
Something In The Water (Does Not Compute)
Free
Lady Cab Driver
All The Critics Love U In New York
International Lover

CD2 / LP3&4 : PROMO MIXES & B-SIDES

1999 (7″ stereo edit)
1999 (7″ mono promo-only edit)
Free (promo-only edit)
How Come U Don’t Call Me Anymore? (« 1999″ b-side)
Little Red Corvette (7″ edit)
All The Critics Love U In New York (7″ edit)
Lady Cab Driver (7″ edit)
Little Red Corvette (Dance Remix promo-only edit)
Little Red Corvette (Special Dance Mix)
Delirious (7 » edit)
Horny Toad (« Delirious » b-side)
Automatic (7″ edit)
Automatic (video version)
Let’s Pretend We’re Married (7″ edit)
Let’s Pretend We’re Married (7″ mono promo-only edit)
Irresistible Bitch (« Let’s Pretend We’re Married » b-side)
Let’s Pretend We’re Married (video version)
D.M.S.R. (edit)

CD3 / LP5&6 : VAULT, PART 1

Feel U Up
Irresistible Bitch
Money Don’t Grow On Trees
Vagina
Rearrange
Bold Generation
Colleen
International Lover (Take 1, live in studio)
Turn It Up
You’re All I Want
Something In The Water (Does Not Compute) (Original Version)
If It’ll Make U Happy
How Come U Don’t Call Me Anymore? (Take 2, live in studio)

CD4 / LP6&7 : VAULT, PART 2

Possessed (1982 version)
Delirious (full length)
Purple Music
Yah, You Know
Moonbeam Levels
No Call U
Can’t Stop This Feeling I Got
Do Yourself A Favor
Don’t Let Him Fool Ya
Teacher, Teacher
Lady Cab Driver / I Wanna Be Your Lover / Head / Little Red Corvette (tour demo)

CD5 / LP9&10 : LIVE IN DETROIT – NOVEMBER 30, 1982 (midnight show)

Controversy
Let’s Work
Little Red Corvette
Do Me, Baby
Head
Uptown
Interlude
How Come U Don’t Call Me Anymore?
Automatic
International Lover
1999
D.M.S.R.

DVD : LIVE IN HOUSTON – DECEMBER 29, 1982

Controversy
Let’s Work
Do Me, Baby
D.M.S.R.
Interlude – piano improvisation (contains elements of « With You »)
How Come U Don’t Call Me Anymore?
Lady Cab Driver
Automatic
International Lover
1999
Head (contains elements of « Sexuality »)

Tous les supports audio seront également disponibles en téléchargement légal et en streaming sur les plateformes dédiées.