Le programme de cette journée à Paisley Park est en 3 parties :

– la projection d’une large portion du concert de Vienne 2014

– deux panels (séances de discussions) :

  1. autour de Graffiti Bridge avec Ingrid Chavez, TC Ellis et Craig Rice (avec Steve Parke comme modérateur),
  2. avec le photographe Jeff Katz, (avec Gilbert Davison comme modérateur).

– le spectacle « Prince in concert on the big screen ».

Entre ces moments, JD Steele (des Steeles, groupe vocal dont est issu sa soeur Jevetta Steele et qui a accompagné Prince sur plusieurs albums) vient nous voir tel un maître de cérémonie pour chanter et discuter un peu. Il nous fait chanter « Forever In My Life » à un moment, puis « 7 » à un autre. A propos de cette chanson, Steele nous livre une anecdote interessante : Il a demandé un jour à Prince qui étaient les fameux « 7 » dont il parle dans cette chanson. Prince lui a répondu qu’il s’agissait des 7 grandes maisons de disques de l’époque. Cela donne donc une autre lecture possible de cette chanson (même si un rapide fact-checking montre qu’à l’époque, il n’y avait que 6 majors et ce depuis la fin des années 80 : EMI, CBS, BMG, PolyGram, WEA et MCA soit « les big-six ». Après fusion-absorption et autres, elles ne sont plus que 3 aujourd’hui : Universal Music Group, Sony Music Entertainment et Warner Music Group).

Ce récit sera complété ultérieurement.

 

Vienne 2014

La journée débute par la projection dans la grande salle d’une large partie (1 heure) du concert donné au Wiener Stadthalle de Vienne le 7 juin 2014 avec 3rdEyeGirl (le même show dont nous avions vu une dizaine de minutes la veille dans une autre salle, mais l’extrait d’aujourd’hui est différent). Nous avons eu droit à :

  • Guitar
  • Plectrumelectrum
  • Crimson And Clover
  • She’s Always In My Hair
  • Purple Rain
  • Play That Funky Music
  • Screwdriver
  • Funknroll
  • What’s My Name ?

Le concert fait plaisir à voir, mais ce n’est pas la folie non plus.

Panel de Jeff Katz

Jeff Katz sort enfin de son silence et se prête au jeu des questions-réponses. Photographe attitré de Prince dans les années 80 essentiellement, on lui doit de nombreuses photos iconiques et les pochettes des albums « Parade » et « Sign O’ The Times ». La discussion est animée par Gilbert Davison, autre illustre personnage de la galaxie princière qui mériterait un panel à lui tout seul (garde du corps de Prince, il est devenu un de ses amis proches et homme de confiance, s’est vu confier la présidence de Paisley Park et la gestion des clubs Glam Slam). Gilbert demande au public de bien vouloir excuser et remercier Katz qui est un peu fatigué après avoir voyagé pendant des heures et n’avoir quasiment pas dormi depuis 3 jours. Katz explique qu’il a l’habitude, puisque les shootings avec Prince pouvaient durer jusqu’à 36 heures consécutives ! Il commence ensuite à raconter son expérience princière. Pendant qu’il parlait, des photos défilaient sur grand écran, l’occasion pour l’ui de livrer des anecdotes pour chacune d’elles et en expliquer le contexte et le résultat. Parmi ces nombreuses histoires, on peut noter celles-ci :

– Les premiers projets qu’il s’est vu confier sont la pochette intérieure de l’album de The Family (celles qui n’étaient pas prises par Prince) et des photos à prendre sur le tournage du clip de « Raspberry Beret » pour illustrer l’interview donnée par Prince au magazine Rolling Stone en 85. Le magazine ne retiendra finalement aucune de ses photos et prendra une capture écran de la vidéo pour faire la une aux grands regrets de Katz.

– Prince le recontacte quelques mois plus tard pour un shooting photo, et c’est seulement ce jour-là qu’un début d’échange s’installe entre les deux hommes, mais la communication reste et restera jusque dans les années 90, succincte et se limite à quelques mots pour les instructions. Mais ces instructions ne vont que dans un sens : de Prince vers Katz. Le photographe ne demande rien, Prince est le modèle qui bouge et pose comme il veut. Le résultat artistique est réussi, mais il a fallu prendre un nombre incalculable de cliché à chaque fois et sélectionner après. La session de ce jour-là donnera naissance aux pochettes de « Parade » et de « Kiss ».

– Ils se revoient pendant la préparation du tournage d’ « Under The Cherry Moon », au moment où Prince insistait pour que le film soit tourné avec des pellicules en noir et blanc contre l’avis de la Warner qui voulait que le film soit en couleurs. Prince demande à Jeff Katz de le prendre en photo pour montrer à la Warner l’esthétique qu’il voulait pour ce film. La Warner cède un peu de terrain, mais exige quand même que le film soit tourné en couleurs et modifiable en post-production (au cas où Prince changerait d’avis entre-temps).

– Après ce tournage (fin 85), un silence radio s’installe et Katz n’est recontacté par Prince qu’un an plus tard, pour une nouvelle session de photo. Katz découvre que Prince a totalement changé de look, et ils commencent à prendre des photos dans un décor emprunté à la pièce « Guys And Dolls » qui se joue dans un théâtre de Chanhassen. Ces photos seront utilisées pour la pochette de l’album « Sign O’ The Times » et le tourbook qui accompagne la tournée. Pour la photo où l’on voit Prince en surimpression sur le décor, Jeff Katz explique que ce n’est pas un montage, mais que cet effet est du à l’impatience de Prince. Katz a demandé à Prince de poser pendant 16 secondes parce qu’il y avait peu de lumière à ce moment et qu’il fallait une longue exposition… mais Prince en a eu marre et a bougé au bout de 8, d’où cet effet. Pour les clichés de cette session sur lesquels on voit Prince habillé en bleu (et la batterie de la même couleur), c’est uniquement un effet généré par la pellicule. La photo de la pochette intérieure a été prise dans la maison de Prince (celle de Galpin boulvard). Katz est ensuite invité sur la tournée européenne au concert de Berlin. Une des photos prises pendant que Prince joue « The Cross » sera utilisée pour l’affiche du film « Sign O’ The Times ».

– Pour le tourbook du Lovesexy Tour, Katz est appelé à Paisley Park. Prince l’accueille, mal rasé avec un chapeau, et une session photo de 24 heures non-stop démarre. Prince fait ensuite une pause de 2 heures, Katz s’endort parterre. Il est réveillé par Prince qui est habillé et maquillé outrageusement avec une casquette de police. La séance de photo qui a suivi servira pour la couverture du tourbook.

– Ils continueront à travailler ensemble sur quelques sessions quasiment chaque année, la dernière séance de photo étant en 96. Prince appelle Katz pour lui dire qu’il veut faire « des photos en ville à Los Angeles, mais à l’intérieur ».

 

Il conclue ensuite par la question qu’on lui pose souvent : « qui est la meilleure personne et qui est la pire personne avec qui » il a travaillé, et sa réponse est Prince pour les deux catégories. Le pire à cause des heures et des conditions de travail insensées, et le meilleur pour le résultat que tout ça a donné.

De nombreuses autres photos sont visibles (et en vente) sur le site officiel de Jeff Katz: princebyjeffkatz.com.

Panel Graffiti Bridge

Ingrid Chavez, TC Ellis et Craig Rice sont sur la scène de Paisley Park pour parler de leurs moments avec Prince et plus particulièrement de Graffiti Bridge. Steve Parke jouait le rôle d’interviewer/modérateur.

Ce n’était pas le panel le plus intéressant. Ceux qui suivent Prince et qui se sont documentés depuis plusieurs années n’ont franchement rien appris de nouveau et intéressant.

T.C. Ellis raconte qu’il connait Prince depuis son enfance (il est le frère de Sue Ann Carwell, qui était une amie proche de Prince dans les années 70). Il insistait régulièrement à la fin des années 80 auprès de Prince pour enregistrer des morceaux de rap avec lui en lui expliquant que c’était le futur de la musique. Prince refusait systématiquement cette proposition. Las, au moment de la sortie de Batman, TC enregistre le « Bat-rap » avec ses propres moyens. Les radios locales commencent à jouer le titre en boucle et l’enchaine avec « Batdance ». Là-dessus, la Warner appelle Prince croyant qu’il avait encore produit un titre pour un autre artiste sans les prévenir sous un pseudonyme. Il contacte alors TC et l’invite à Paisley Park pour travailler avec lui, d’autant plus que le Bat-Rap de TC Ellis plait bien aux jeunes de Minneapolis. C’est comme ça qu’il a été embarqué dans l’aventure « Graffiti Bridge ».

Ingrid Chavez n’a rien dit de plus que ce qu’elle a dit dans notre interview pour le Schkopi Show hormis que Darryl Hannah avait auditionné pour jouer dans « Graffiti Bridge ». Le film a été tourné intégralement à dans la grande salle de Paisley Park et seulement quelques scènes de moto à l’extérieur. Tous les jours, l’équipe de tournage et les acteurs devaient tous être présents de 7h à 19h, même lorsqu’ils ne jouaient pas. Après 19h, Prince travaillait encore sur le film et allait enregistrer de la musique en studio. L’ambiance sur le tournage était excellente

Steve Parke est intervenu pour raconter sa première rencontre : ami avec Levi, il a fait une peinture qui a été montrée à Prince. Ce dernier n’a pas arrêté de regarder ce dessin pendant deux semaines et contacte Parke pour lui demander d’y ajouter le visage d’Ingrid, de Morris Day et un ange. Après quelques autres retouches, ce dessin devient la pochette de l’album « Graffiti Bridge » et l’affiche du film.

Prince in concert on the big screen

La principale attraction de cette deuxième journée, comme en 2018 est le concert hybride sur grand écran à l’Armory de Minneapolis (8 400 places). Le concept : une dizaine de musiciens jouent en live pour accompagner des images de concerts (Charlotte et Raleigh de 2011) où l’on ne voit quasiment que Prince diffusées sur grand écran. La voix de Prince et le son de sa guitare sont intactes.  Seuls 3 000 tickets ont été vendus cette année pour ce concert qui a duré deux heures un quart.

 

Le gros bémol pour ce show, ce sont les mêmes images que celles utilisées pour le show du Target Center l’année dernière. Donc comme l’an dernier, les observations sont les mêmes à peu de choses près :

« Tout est critiquable évidemment :

  • le concept en lui-même,
  • Prince n’est pas toujours isolé dans les images, ce qui fait que l’on peut voir Shelby à la fois sur l’écran et sur scène,
  • sur certains plans, on voit clairement John Blackwell, ce qui est déstabilisant aussi,
  • la maxime « Real Music by Real Musicians » reprise plusieurs fois durant le concert est troublante dans ce contexte,
  • les musiciens sur scène jouent vraiment, mais savent que tout le public regarde l’écran. Shelby et Kip font un peu office de « MC »,
  • les vidéos sont 3 « blocs » (on y voit Prince avec 3 costumes différents) issus des concerts donnés dans le cadre de la tournée Welcome 2 America (les concerts donnés à Charlotte et à Raleigh en 2011),
  • peu de surprises dans la set-list qui est constituée principalement de hits, pour un spectacle grand public (dont on a fait partie avant de devenir fans justement grâce à ces chansons pour la plupart). »

Mais ça fonctionne encore cette année et le public accueille cela de la meilleure façon qu’il soit en chantant, dansant et participant comme si c’était un vrai concert. Mais les sensations pour ceux qui voient ce concert pour la seconde fois ne sont plus les mêmes. Et, peut-être était-ce dû au positionnement dans la salle ou à la qualité de la projection, les images semblaient de moins bonne qualité cette fois-ci (plus pixélisées).

Autour de la Celebration

Cette journée a coïncidé avec la sortie de la réédition de « Rave Unto The Joy Fantastic  » sous differents formats.

En fin de soirée (23h), nous pouvions assister à une performance de Paul Peterson et Eric Leeds (qui à eux deux forment LP Music) à l’Icehouse. Ricky Peterson était au clavier pour un set jazzy qui a pris des tonalités funky sur la fin.

 

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