Après une année 2019 faste en sorties, en rééditions et autres publications de livres, l’Estate de Prince continue sur sa lancée en 2020 avec là encore de nombreuses rééditions augmentées ou non, mais pas que. Après un bref bilan de l’année passée, nous sommes une nouvelle fois prêts à vous offrir une prospective la plus exhaustive possible sur ce qui vous attend, avec en cadeaux bonus quelques pronostics aux allures de scoops.

BILAN 2019

L’année 2019 s’est achevée sur un succès pour l’Estate de Prince. En publiant l’édition Super Deluxe de « 1999 » en novembre dernier, en collaboration avec Warner Bros. Records, le travail engagé par Troy Carter et Michael Howe depuis 2018 semble avoir atteint une première étape de satisfaction, à la fois pour les deux hommes en charge de préserver l’héritage du Kid de Minneapolis, mais également pour les fans qui rêvaient depuis le décès du chanteur d’un tel traitement de faveur. Une qualité éditoriale qui aura également été un succès public. En Angleterre, les magasins sont très vite tombés en rupture de stock, et la France n’a pas été en reste avec une édition 10 Vinyles elle aussi épuisée en quelques jours.

Cette édition fastueuse et remasterisée de « 1999 » aura été le point d’orgue d’une année 2019 riche en publications inédites et rééditions physiques du back catalogue NPG Records, indisponible depuis des années. Après avoir ouvert le bal avec les rééditions de « Musicology », « 3121 » et « Planet Earth », Sony a continué sur sa lancée en diffusant un coffret regroupant « Rave Un2 The Joy Fantastic », l’ultra rare « Rave In2 The Joy Fantastic » et le DVD « Rave Un2 The Year 2000 ». Un type de configuration qui sera d’ailleurs repris pas plus tard que le 17 avril prochain avec « Up All Nite With Prince : The One Nite Alone Collection ». Ce nouveau coffret inclura là aussi une rareté avec l’album studio « One Nite Alone… », et comprendra aussi le « One Nite Alone… Live ! » de 2002, l’aftershow « It Ain’t Over… », plus le DVD « Prince Live At The Aladdin Las Vegas » précédemment publié par Universal en 2003, le tout accompagné d’un livret de 48 pages qui devrait reprendre l’iconographie du livret original mais recadré au format CD. On pourra regretter que l’album piano ne soit disponible que dans le coffret, mais celui-ci étant annoncé aux prix de 32€, on peut se dire que c’est plutôt pas mal pour quatre CD et un DVD.

On rajoutera à cela, et toujours à la même date « The Rainbow Children » qui sera disponible en CD et Vinyle, comme l’avaient été d’ailleurs toutes les rééditions Sony / Legacy de l’année dernière et dont la programmation 2019 s’est achevée avec « Chaos And Disorder », « Emancipation » et le jusque alors inédit « The Versace Experience ». Pour ce dernier, était-ce vraiment bien nécessaire de se fendre d’une édition vinyle et CD pour cet enregistrement initialement prévu comme l’illustration sonore d’un défilé Versace ayant pris place à Paris en 1995, à la qualité sonore plus que douteuse, étant donné que la source utilisée est tirée d’une simple copie K7 ? Sans doute un petit dédommagement pour Sony de la part de l’Estate, qui ne peut toujours pas publier en physique  » The Gold Experience » suite à un problème de plagiat jugé en Italie concernant « The Most Beautiful Girl In The World ».

2019 a vu également la publication de « Originals » afin de clôturer le litige judiciaire avec Tidal. Disponible en exclusivité pendant quinze jours sur la plateforme de Jay Z, ce fut la première des deux publications entièrement inédites gérées par Warner. En proposant les versions initialement interprétées par Prince de titres donnés à d’autres artistes, la maison de disques a fait un joli coup en écoulant près de 70 000 exemplaires physiques aux seuls Etats-Unis. Un chiffre de ventes qui peut sembler ridicule quand on s’appelle Prince et qu’on a été habitué à calculer les ventes en millions, mais qui dans un paysage musical et industriel en crise est un joli succès, surtout avec une promo résumée au strict minimum.

2019 aura également vu la publication de « The Beautiful Ones », la biographie inachevée de Prince, là aussi un véritable best-seller de librairie, ainsi que le recueil de photographies « My Name Is Prince », signé Randee St. Nicholas. Si on y ajoute les éditions exclusives du Record Store Day (« His Majesty’s Pop Life / The Puple Mix Club » en double-vinyle chez Warner et la K7 audio « The Versace Experience » chez Sony) et l’alimentation quasi ininterrompue du compte officiel YouTube avec clips exclusifs (« Holly Rock », « Manic Monday ») ou prestations live du Café de Paris 1998, on peut dire que le fan n’a quasi jamais eu le temps de souffler ou de faire reposer son portefeuille. Et même s’il n’a pas eu le droit à tout ce qui était prévu au programme (où est donc passé le « First Avenue 1983 » prévu sur Apple TV+ ou bien encore le documentaire produit par Netflix officiellement décalé de deux ans suite au départ de la réalisatrice Ava DuVernay), 2020 devrait suivre le même chemin d’abondance.

ELVIS HAS LEFT THE BUILDING

Le 1er octobre 2019, Paisley Park a changé de gouvernance. Piloté jusqu’ici par Graceland Holdings qui gérait, comme sa dénomination l’indique, la maison d’Elvis Presley à Memphis, les studios de Chanhassen sont tombés depuis sous la coupe de l’Estate. La synergie, déjà commencée l’année dernière lors de la Célébration, est donc désormais totale et va permettre sans doute d’alimenter le Park en contenus audio et vidéo inédits directement issus de Iron Mountain. Pour diriger les opérations propres au complexe, Comerica Bank a nommé Alan Seiffert à sa tête. Et comme Troy Carter, il semble bien que les gestionnaires en charge des affaires de Prince aient pris la bonne personne, alliant l’expérience à la volonté de faire perdurer l’héritage princier. Titulaire d’un Master en Administration artistique, Seiffert est principalement connu pour avoir été le Président de Midnight Blue Management, structure responsable d’évènements tels que le Black Girls Rock Festival ou The BET Experience. Il a également tenu des postes de décisionnaire dans des entreprises aussi variées que Viacom, NBC Universal, la NBA ou encore Fox Television. L’une de ses premières décisions à la tête de Paisley Park aura été de se rapprocher de MR-ProFun et Mycotoo, deux compagnies spécialisées dans l’Entertainment qui travailleront de concert pour le développement structurel de Paisley Park. En plus de garder son rôle de Musée dédiée à l’ancien propriétaire des lieux, Seiffert compte également redonner aux studios son rôle premier ; accueillir de la musique.

Alan Seiffert, le nouvel homme de Paisley Park

Le 15 février dernier, Meshell Ndegeocello a ouvert une série de concerts baptisé « Musicology 2020, Real Music by Real Musicians ». En plus d’avoir interprété ses propres compositions, et en grande fan de l’artiste, elle a également repris une partie du répertoire de Prince avec des titres aussi divers que « When Doves Cry », « Tamborine », « Love 2 the 9’s » ou encore « If I Was Your Girlfriend ». Nul doute que cette série de concerts commémoratifs interprétés par des musiciens de premier plan devraient se reproduire tout au long de l’année.

Meshell Ndegeocello, le 15 février dernier à Paisley Park

Ce renouveau trouvera, comme tous les ans, son point culminant avec la Célébration 2020 qui, pour la première fois, ne se tiendra pas en avril mais bien en juin. En préférant la date de naissance de Prince plutôt que celle de sa mort, l’Estate fait le juste choix. Sont annoncés pour cette année Kaytranada, Morris Day & The Time ainsi que les NPG. Les différents panels prévus cette année entre le 4 et le 7 juin ne sont pas encore connus à l’heure qu’il est, mais nous ne manquerons pas de relayer l’information une fois qu’elle sera disponible.

SOMETIMES IT SNOWS IN APRIL

En plus des rééditions de « The Rainbow Children », « One Nite Alone… », « One Nite Alone… Live! » et du concert vidéo enregistré à l’Aladdin de Las Vegas prévues pour le 17 avril, le 21 avril sera également diffusé sur CBS le concert « Let’s Go Crazy : The Grammy Salute To Prince » organisé à la suite de la cérémonie des Grammys du 26 janvier dernier. Cérémonie au cours de laquelle Usher, accompagné de Sheila E, avait également rendu hommage à l’artiste disparu il y a maintenant quatre ans. Ce qui est intéressant pour ce concert enregistré au Los Angeles Convention Center, c’est qu’il offre une affiche qui a le mérite de ne pas proposer que des artistes ou groupes satellites à Prince, même si Sheila E, Jimmy Jam et Terry Lewis font office ici de directeurs musicaux. A côté de The Revolution, The Time et la décidément incontournable Sheila E, on aura donc l’occasion d’entendre de nombreux artistes offrir leurs propres versions de classiques princiers.

H.E.R.

Gary Clark Jr

Que ce soit Beck avec « Raspberry Beret », Common avec « Sign O’ The Times », les Foo Fighters avec « Pop Life » et « Darling Nikki », St. Vincent avec « Controversy » ou bien encore la version attendue de « Purple Rain » par Mavis Staples, il y a suffisamment de noms prestigieux et d’intérêt suscité à la lecture de ce line-up pour vérifier par nous-mêmes ces prestations uniques et éphémères. A l’heure qu’il est, aucune chaîne française ne semble avoir acheté le programme mais il est fort à parier que l’émission en question se retrouvera peu de temps après sa diffusion sur YouTube.

Avril, c’est aussi le mois du Record Store Day. Calée cette année au samedi 18 avril, cette nouvelle journée dédiée aux amoureux et fans de vinyles devrait être l’occasion pour les fans de Prince d’obtenir de nouvelles rééditions exclusives. Que vont proposer Warner et Sony cette année ? Des maxis rares ? Un album noir perdu ? Du purple medley ? Pas vraiment puisque Warner vient d’annoncer que ce serait le double LP de « Sign O’ The Times » qui serait proposé. Choix curieux surtout quand on sait que l’album devrait être réédité en cours d’année en version remasterisée (rassurez-vous, on vous explique tout un peu plus bas). Serait-ce un moyen d’écouler du stock du précédent pressage en apposant juste un sticker RSD pour faire la différence ?! À moins, et c’est nettement plus probable, qu’il s’agisse d’un pressage de couleur, sans doute pêche afin de respecter le code couleur de l’époque. Sony pour sa part n’a rien annoncé à date, mais la proximité de sortie avec la collection « One Nite Alone » et « The Rainbow Children », disponibles dès la veille, aura certainement pesé dans leur volonté de ne rien sortir.

Last but not least, nos agents secrets qui ne reculent devant rien pour offrir la primeur d’informations chères aux lecteurs de Schkopi, pas même la pendaison par les orteils ou la noyade dans une flaque d’eau, tiennent à nous faire savoir que c’est aussi en avril que Warner doit faire une première annonce concernant Prince en 2020… Serait-ce liée à la prochaine édition Super Deluxe ? A une nouvelle sortie d’album inédit à la « Originals » ? Ou bien encore à la publication d’une tournée ou d’un concert totalement inédits en vidéo ? Quoiqu’il en soit, la proximité avec le mois de juin ne peut pas être un hasard, et il est fort à parier que l’Estate marquera le coup en célébrant une nouvelle fois le 7 juin 2020 comme il se doit, date à laquelle Prince aurait eu 62 ans.

WARNER OU LE DERNIER BAROUD D’HONNEUR ?

Ceux qui suivent assidûment Schkopi le savent bien, 2020 c’est également l’année où Warner va pouvoir exploiter pleinement et totalement son back catalogue une dernière fois avant rétrocession à Sony qui sera en charge, à partir du 1er janvier 2021, de distribuer uniquement sur le territoire américain les albums le constituant, hors musiques de films.

Ce passage de témoins pose plus d’une question. Tout d’abord, si Sony distribuera bien « 1999 », « Around The World In A Day », « Sign O’ The Times », « Lovesexy » et autres « Diamonds And Pearls » aux Etats-Unis, Warner continuera de le faire pour le reste de la planète. Ensuite, comment gérer ce catalogue ? Sony et Warner vont-ils se rapprocher afin de trouver un accord pour continuer à exploiter de concert les éditions Super Deluxe à venir * ? Ou bien Warner, qui a prérogative sur tout le contenu du Vault enregistré entre 1977 et 1994, va-t’elle se lancer seule dans l’édition d’albums entièrement inédits constitués de ces enregistrements, laissant à Sony la remasterisation des albums originaux, de toutes les Faces B et autres Versions Maxis qui vont avec ? Enfin, que se passe-t-il pour le contenu inédit du Vault enregistré après 1994, date à laquelle Prince est parti de chez Warner ? Troy Carter et Michael Howe vont-ils le proposer en priorité à  Sony ou bien vont-ils ouvrir les enchères au plus offrant ? Et d’ailleurs l’évaluation financière de cette partie est-elle même juste achevée ?

Prince pris en photo par Jeff Katz sur le tournage du clip « Mountains »

La seule chose dont on soit absolument sûrs, c’est que Warner conservera bien pour le monde entier l’exploitation des quatre musiques de films que sont « Purple Rain », « Parade », « Batman » et « Graffiti Bridge ». Concernant « Purple Rain », et si l’on en croit les derniers propos en creux de Michael Howe lors de la promotion du « 1999 Super Deluxe », l’édition augmentée publiée en 2017 était incomplète et à ses yeux, totalement insatisfaisante. Cependant, publier une deuxième édition de « Purple Rain » à seulement trois ans d’intervalle de la première serait pour le moins incongrue et aurait le don d’exaspérer le fan qui espère un peu sortir de l’ornière 1982/1984 en terme de publication de contenus. On peut parier par contre que Howe ne manquera pas de corriger le tir en 2024 lorsque les 40 ans de « Purple Rain » sonneront.

Initialement, suite à des indiscrétions largement diffusées par Questlove et Dr Funkenberry sur leurs comptes Twitter, Warner pensait publier une édition Super Deluxe de « Parade » pour 2020, mais finalement les derniers échos persistants laissent à penser que c’est bien « Sign O’ The Times » qui bénéficiera du même traitement que « 1999 » pour cette année. « Parade », du fait qu’il restera ad vitam au catalogue Warner, pourra sortir ultérieurement et très probablement l’année prochaine.

Considéré comme son chef-d’oeuvre absolu, « Sign O’ The Times » de par sa configuration initialement pensée comme un triple album baptisé « Crystal Ball » laisse entrevoir des possibilités qui laissent rêveur et la langue pendante. Il est fort à parier qu’en plus des versions Maxis et faces B anthologiques (« La, La, La, He, He, Hee », « Shockadelica » ou les remix de « Housequake », « U Got The Look » ou « Hot Thing »), on puisse enfin mettre la main de façon officielle sur « Rebirth Of The Flesh », « The Ball » et autres « Witness 4 The Prosecution », sans parler des prises alternatives des titres de l’album original dont la version de « Strange Relationship » et sa longue intro au Sitar par Lisa Coleman.

Et comme si ces éventuelles réjouissances ne suffisaient pas, des fuites parlent même d’un concert de la tournée de 1987 filmé en multi-cam qui NE serait PAS le film réalisé par Prince et distribué depuis plusieurs années dans de nombreux pays par nombre d’éditeurs différents. On peut également souhaiter vouloir voir la vidéo du First Avenue 1987 présentée dans une copie rutilante ou écouter n’importe quel aftershow historique en audio. Quoiqu’il en soit, la production pléthorique du Prince de l’époque fait entrevoir une possible édition à tomber par terre, qui devrait largement dépasser les cinq CD, les dix vinyles et le DVD de « 1999 » sorti l’année dernière.

Deux dates de sorties potentielles circulent pour cette future édition, soit en juin, soit en novembre. A suivre… de très prés !

SONY EN EMBUSCADE

Quant à Sony, leur programme pour 2020 est clair ; continuer la distribution physique du catalogue NPG Records qui reste encore à sortir. Sam Jennings avait déclaré en fin d’année dernière, via les réseaux sociaux, qu’il travaillait à une conformation graphique pour les sorties CD et Vinyles de « The Chocolate Invasion » et « The Slaughterhouse« , tous deux inédits dans ces formats.

Il resterait alors à la major quelques albums à sortir comme « Crystal Ball » version 1998, « The Truth », « N.E.W.S », « Indigo Nights », « 20ten », « LotusFlow3r », « MPLSound » et surtout « C-Note » et « Xpectation », tous les deux inédits également en supports physiques. En 2021, ils devraient également récupérer « The Vault… Old Friends 4 Sale », « Art Official Age » et « Plectrum Electrum » suite à la réversion des droits Warner, ainsi que les « Hit’n’Run Phase One & Two ». A terme, tout le catalogue officiel de Prince sera alors pleinement disponible, même si « New Power Soul », officiellement attribué aux New Power Generation, « The Black Album », dont le Master aurait été officiellement détruit sur ordre de Prince après sa distribution en 1994, et « The Gold Experience », pour les raisons expliquées plus haut, manqueront forcément à l’appel.

Quoiqu’il en soit, 2020 est donc une nouvelle fois une année chargée pour les fans et pour toutes celles et tous ceux qui ont découvert Prince après le 21 avril 2016 et qui découvrent une discographie en pleine réédition.

La page d’accueil du site « Becoming Prince »

En attendant toutes les officialisations qui ne manqueront pas de tomber au fur et à mesure des semaines et mois à venir, vous pouvez toujours aller vous balader sur le nouveau site interactif de l’Estate, Becoming Prince.com ou bien encore acquérir les derniers produits du site officiel dont plusieurs song books.

D’ici là… « Peace & B Wild! »

 

*C’est une pratique de production qui existe dans l’industrie cinématographique. A titre d’exemple, le film « Titanic » de James Cameron a été co-produit par Paramount Pictures et la 20th Century Fox, Paramount s’étant chargé de la distribution nord américaine et la Fox de la distribution pour le reste du monde.

Special big up 2 Daddy Jerome B !