Dernier jour. On aurait presque envie de dire « comme d’hab » 🙂 Arrivée vers 12 heures, écoute de concert dans le studio. Je m’arrête quelques instants la dessus justement. Comme Femi a souvent passé les mêmes disques, le studio se vide progressivement. Aujourd’hui nous sommes 5 ou 6 quand il met l’album « One Nite Alone ». La chaise derrière la console en plein centre est donc disponible. J’ai écouté l’intégralité de ce disque assis derrière la console son du studio B, c’est à dire avec une acoustique parfaite et dans des conditions que je ne pourrai reproduire chez moi. One Nite Alone a alors pris une autre dimension. Je pense que beaucoup de fans ont jugé cet album un peu trop hâtivement. Dans quelques années je suis persuadé que nous reviendrons dessus.
Je poursuis donc le récit, promenade dans Paisley Park, les retardataires font leur photo sur la moto de Graffiti Bridge. Aujourd’hui pas de règle pour la file d’attente mais on nous promet une surprise…
Puis à 14h30 c’est John blackwell qui se colle a l’exercice du workshop.

La prestation de John Blackwell est très intéressante. Tout d’abord parce qu’il joue, seul, et qu’il se laisse aller dans une démonstration qu’il ne pourrait peut être pas faire pendant un concert. Ensuite parce qu’il raconte lui aussi chronologiquement son parcours. Son enfance quand il commence la batterie, puis la rigueur qu’il a du apprendre à l’armée, où il était batteur. Comme il l’explique, la moindre fausse note, le moindre laché de baguette, le moindre écart était puni par une série de 200 pompes pour lui et tout le groupe. Il s’amuse à raconter qu’encore aujourd’hui lorsqu’il fait une erreur il a le réflexe de faire des pompes. Il parle de son travail avec CAMEO, et de la folie de Larry Blackmon qui lui demandait de s’habiller avec des coquilles. Il dit en plaisantant que Patti La Belle l’a sauvé de là. c’est sur un concert de Patti, que Larry Graham est venu le voir. Il l’aurait félicité sur son jeu, et lui aurait donné sa carte en lui disant « on reste en contact ». John se présente volontiers comme un fan de Graham et de Prince, et dit qu’il était complètement abassourdi de voir Larry Graham venir lui demander de rester en contact. Puis Prince arriva, la rencontre fut brève, il le félicita à son tour et lui dit « on va se revoir bientôt ». John ne connaissait pas encore les liens entre Prince et Larry. Pour John travailler avec Prince est la réalisation d’un rêve, parce que plus jeune il écoutait ses disques. Il raconte qu’il aimait travailler des « beats » complexes comme celui que Prince et Morris Day avait trouvé pour 777-9311. (qu’il se met aussitôt à jouer). Il parle de Prince comme d’un excellent musicien, un génial compositeur, quelqu’un avec qui travailler est une véritable expérience même si c’est parfois très dur. Il dit « devoir payer le prix de ses erreurs », en concert par exemple, sans rentrer dans le détail de cette phrase. Il semble aussi très admiratif de « Prince : le batteur ». En effet John dit avoir été très surpris par son jeu, et surtout le fait d’apprendre que beaucoup de titres où il croyait entendre Michael B ou Sheila E étaient en fait interprétés par Prince. Ce qui confirme que Prince continue d’être très seul en studio. Une personne demande à John quel titre il aime jouer dans le repertoire de Prince, il réponds « The Ballad of Dorothy Parker », ou encore « Calhoun Square » qu’il joue alors. Une fan lui demande de jouer « Shhh », ce qu’il refuse, expliquant que cette intro « appartient » à Michael B et qu’elle traduit bien l’alchimie qu’il y avait entre lui et Prince à cette époque; c’est par respect qu’il ne joue donc pas ce titre. On lui demande si le fait de jouer dans « une cage de verre » insonorisée ne lui pose pas de soucis. Il explique qu’il n’était pas vraiment pour au début mais qu’il l’accepte car ça aide le groupe. Blackwell insiste souvent sur le fait qu’ils sont un groupe, une équipe et qu’ils ne doivent pas avancer individuellement. Un point important dont je n’ai peut être pas parlé c’est que Prince et tous les musiciens travaillent sur scène avec des oreillettes, sans aucun autre « retour », d’où le besoin d’isoler Blackwell et sa frappe herculéenne. Petit bémol à la discussion au moment ou JB explique, après avoir dit être fan de Prince et de Larry, que grace à eux il peut s’épanouir en tant que musicien, mais qu’ils lui ont aussi montré comment lire la bible, comment la comprendre, et qu’aujourd’hui il connaît le nom de Dieu. Décidément on en sort pas, c’était trop beau, il fallait le couplet sur le travail de « conversion » qui semble s’exercer dans les murs de Paisley Park. Le workshop se termine par une très belle prestation de Blackwell.

Dehors les « concours » divers se poursuivent. Le vieux stock de 1800 New Funk (du moins les « symbols ») doit disparaître, car tout est pretexte à jeter à la centaine de fans présents, des Pins, des Emancipation Book, et autres casquettes. Et maintenant c’est l’heure de quoi ? Vous avez enfin pris le rythme.. C’est l’heure de manger… Donc rendez vous ce soir.