3 Nites Alone With Prince (Rotterdam)

[tora]

Bon, je sais, je suis long à la détente ! Mais il a fallu que je digère, que je sois convaincu que je devais écrire…Ma femme m’a demandé pourquoi je postais pas plus souvent. Je n’ai pas su lui répondre à part un : « de toute façon les gens s’en foute de ce que je peux écrire » !

Après (pas mûre réflexion), je vais donc écrire. En vous passant les détails de l’attente, de la fatigue, tout fan connaissant ça. Et je parle pas de la fatigue psychologique : du matin au soir…Un concert de Prince (encore plus qu’un autre artiste) demande son lot de questions, de doutes, d’extrapolation et, au final, de déceptions (et le mot est fort) et de satisfactions (et le mot est faible).

Bref, pris dans l’ambiance du 1er concert à Rotterdam, les oreilles collées contre une enceinte (ou le contraire), je sors du concert sonné (« John, my voice is too bright ! ») et content, tout de même. Et puis un truc me gêne, comme un truc que l’on veut pas s’avouer, une connerie de gosse avec cette dose de culpabilité qu’on essaye d’enterrer.

Merde, finalement, ça serait pas aussi bien que ça ?! Suis-je blasé ? Est-ce que ça vient de lui ? En tout cas, des questions, des questions, des questions !

Arrivé devant mon hôtel, je retrouve 4 fans qui sont bien négatifs, plus que moi. Le fan a toujours tendance à descendre en flèche ou tout trouver beau. Je m’en suis aperçu sur le forum où, finalement, je me reconnais pas trop dans les commentaires, qu’ils soient (trop) négatifs ou (trop) positifs.

De tout façon, ojectivement si on peut l’être, ça sera toujours entre les 2. J’ai rencontré des gens qui sont allés au concert du 8 et qui étaient super contents. Alors…

La problématique est la suivante : comment satisfaire 9000 personnes à 1h30 du mat’ ?

Je pense que la réponse, il l’a trouvée le dernier soir : 1h30 de musique pure « fans » et 45 minutes de hits et de jams. C’est la seule solution en 2011 (2007, 2008, 2009, 2010), on ne pourra pas la contourner. En dehors d’un after, bien sûr !

Bon, je reviens au principal. Finalement déçu du 1er soir et déçu de penser que P est en roue libre (fatigué, pas inspiré, starifié ?) et que ce n’est pas cette tournée qui changera les choses.

C’est vrai, ce qu’il nous manque pour l’instant c’est : LE SHOW et L’AFTER ! On pourra tout lui pardonner après.

Du coup j’éprouve un sentiment un peu inconnu pour moi le 9 : le stress. Pas l’excitation, non, juste le stress. Je pense : « Rattrape-toi ! ». Je dis même à ma femme : « Il devrait jouer N.E.W.S en entier, histoire de calmer tout le monde. Ca fera un truc de fou pour les fans et, pour le « grand » public, même s’il se fait chier ou n’aime pas, il se dira : « c’est du jazz donc ça passe ! ».

Les premières notes résonnent et je reconnais « Joy In Repetition ». Et là mon stress disparaît, sous le vernis de l’admiration, et pourtant encore fragile : « quand va-t-il nous resservir des chansons qu’on en a marre d’entendre (dans ces versions-là en tout cas) ? ».

Les ¾ du concert furent une libération. A chaque track, en plus de la joie pure du fan, je ressentais une victoire sur le concert de la veille. C’était une revanche collective et personnel.

La suite fut plus classique mais réjoussante car assumée et explosive. Finalement, on peut pas lui vouloir de jouer les hits, on aimerait surtout qu’il le fasse bien !

Je me couche donc léger et heureux. D’avoir retrouvé mon Prince. Il n’était pas parti. C’est juste qu’on s’en fait une montagne ! A chaque fois !!!

Le 3ème soir fut la suite de cette « rédemption ». Une première partie hors du commun avant un final « planétaire » qui a fait levé tout le monde. Nous avions eu les titres, les versions, les durées (qui tuent), on pouvait se lâcher sur « Let’s Go Crazy » (à 250 km/h, au passage !).

J’ai lu ici et là qu’il y a quelques années, c’était notre lot quotidien, les concerts exceptionnels. En même temps, du coup, on les reconnaît maintenant !

Et on s’en fout, non? Il vieillit, nous aussi, et même si c’est dur d’accepter ça, on ne peut rien y faire.

Juste une pensée, comme ça : Prince ferait pas lire ou ne lirait pas les sites de fans ?

La réponse en 3 points :

-on a trouvé le son dégueulasse : il s’est excusé ! Je ne l’ai jamais vu faire ça. Qu’il en ait conscience, ok, mais des excuses publiques ?!
-un set list trop grand public ? Ben je vais jouer des fan tunes et bien rock et saturé en plus !
-et une phrase tellement parlante (vous m’excuserez pour la paraphrase et en français, en plus) : « je vais profond en moi alors faîtes pareil » quand on participait pas assez ! En gros, vous me demandez des choses plus confidentielles et différentes alors assumez maintenant !


Voilà, j’ai vécu plein de choses et d’émotions pendant ces 3 nuits. Des choses pas explicables, pas du tout cartésiennes mais tellement essentielles et profondes, si j’en crois la relation qu’on a avec Prince, tous autant que nous sommes.

On a beau être adulte, responsable et, peut-être, « bon père de famille », on a cette folie, en nous, qui nous fait encore parcourir le monde. Cette chose tellement excitante mais tellement dure physiquement et mentalement. Mais on est prêt …Tout le temps !

Alors à ceux que je ne connais pas, par timidité, par anonymat et par peur de pas être dans le temps (hein, Seal ?!), à tous ceux qui sont restés scotchés en 84, 86, 87 ou 88, à tous les « c’était mieux avant », à tous les fans de 94-95 (et j’en suis), à tous ceux qui pleurent encore sur Rhonda ou Renato, à tous ceux qui regrettent toujours tout, à ceux qui débarquent et ceux qui aiment pas N.E.W.S :

j’ai partagé tout ça avec vous!

The Family 3.0

[CathC]

merci pour ton témoignage que je partage en beaucoup de points avec quelques différences bien sûr dues à mon vécu et autres expériences voire inexpériences.

Je n'évoquerai qu'une différence majeure, celle du titre : U were not alone with P

[lastdecember]

Écouté plus ta femme elle a raison Tu devrais écrire plus souvent. Merci pour ce super compte rendu

L.