21 mai 2009, 10:05
Qui est réellement Michael Jackson ?
Un petit nègre dans une Amérique flamboyante, incroyablement raciste vivant sous le règne dictatorial d'un papa cupide et autoritaire. Le gamin fait partie d'un groupe. Le groupe fonctionne mais le petit dernier a une voix, une sorte de don absolu et il danse, il bouge bien, il est mignon. Le papa voit les dollars afflués. Le gamin deviendra la plus grande star du monde au détriment d'une vie normale, dans un environnement normal. À 20 ans, un premier album solo, disco, gavés de jolis singles. À 24 ans, une bombe atomique, la synthèse absolue du disque qui assassine tout le monde. 9 titres, autant de tubes planétaire potentiels. Un clip puis un pas de danse font du petit nègre terrorisé par les coups de savates paternel, une star planétaire. L'Amérique blanche oublie soudainement que certains états lynchaient les noirs il y a peu. L'Amérique blanche se découvre funky, consomme du Pepsi et appelle à voter Reagan. Le petit nègre d'antan devient une effroyable machine à sous, le rendement, le passage obligé aux caisses pour redonner du travail aux usines à vynils, pour engraisser les CEO des grandes maisons de disques, pour faire tourner à plein régime les studios d'Hollywood à coups de vidéo clip et de film promotionnel Disney.
La star a 24 ans et elle n'a pas eu d'enfance. La consommation toujours, le besoin de vendre, de se vendre, inlassablement. Monstrueux, pathétique, la star se scarifie le visage, ne veut plus ressembler à ce petit nègre devenu la star mondiale,celle qu'on adule. La métamorphose est abominable. Asexuée, la star s'éprend d’une jeune vierge (Brooke Shield?) où d’une nymphomane mangeuse d'hommes (Diana Ross?) en refoulant son évident désir homosexuel. Une tare pensez-vous ? Nègre et pédé, c'en est trop. Il ne faut pas enrayer la machine à sous, elle doit cliqueter, inlassablement.
Les tournées s'enchaînent, les concerts hors normes dans des stades de plus en plus grands, emplis d'artifices, de fumigènes pour masquer la vérité : la star est un money-maker, absolument pas un artiste. Il fait ce qu'on lui demande de faire, sans passion réelle, sans évidente volonté. Il produit, vends de la consommation rapide, de la fast-music, à la masse, pour continuer à plaire, systèmatiquement. Les années passent. La star juvénile de 24 ans laisse place à un homme de 35 ans. La sexualité bigarrée est affichée, les scandales s'accumulent. Alors on paie, pour faire taire, pour corrompre. Les opérations reprennent, le visage se creuse, se fige dans un rictus abominable, les cheveux deviennent fins, le nez étique, les pommettes limées et cette peau, diaphane, fantomatique. L'homme se hait, se vomit quitte à massacrer ses prestations scéniques, calfeutrant derrière des oripeaux militaires son évident malaise. Risible, il ose GHOST pour apparaître décharné, encore ce besoin de disparaître, de se déchirer le visage, de ne ressembler à rien d'autre qu'une ombre funeste, qu'un souvenir.
Adulée durant deux décennies, la star est devenu un homme seul, maigre, souffreteux, camouflé derrière son masque de papier mâché. Le procès, un scandale de plus, le syndrome de Stockholm ; captif de sa propre gloire, on en vient à le plaindre après l’avoir consacré.
L'immense et talentueux petit nègre des quartiers populaires de l'Amérique prolétaire américaine a 51 ans. Il ne s'est pas produit sur scène depuis plus de dix ans. On le dit ruiné, malade, au seuil du basculement définitif. Pourtant le monde, nostalgique, joue des coudes pour acheter les tickets. Il vend, beaucoup, mais a-t-il seulement eu, une fois dans sa tragique existence d'homme traqué, l'envie. La vraie envie, celle qui se lit dans les yeux d'une autre star, mondiale elle aussi, lorsqu'elle pose ses doigts sur sa guitare. Cette seconde star continue à proposer des albums parfois inégaux mais souvent exceptionnels et à donner des concerts anthologiques. La logique est différente. Ces deux stars sont totalement différentes, en fait. Reste une question existentielle pour résumer, mais est-ce seulement possible de le résumer, Michael Jackson :
A-t-il seulement eu une fois le choix dans sa vie ?
Le retour de Michael Jackson est une vision tragique d'un monde qui ne tourne pas rond. Ne vous en déplaise...
Tb1
:roll: Du coup, mon post prends une autre dimension... Hélas!
Tb1
Modifié en dernier par
thebeautifu1one le 29 juin 2009, 11:27, modifié 1 fois.